Thu. Nov 21st, 2024

Alexandre Baradez, Responsable de l’analyse marchés de IG France

A force de marteler sur Twitter ou lors d’interventions médiatiques que l’économie américaine n’a jamais été aussi performante, on pourrait finir par le croire. Pourtant c’est loin d’être le cas…

 

Le pic de croissance observé depuis le début de la présidence de Donald Trump est celui du 2ème trimestre 2018 avec un taux de 4.2%. Depuis le début de l’année, les taux de croissance sont les suivants : 3.1% au 1er trimestre, 2.0% au 2ème trimestre et 1.9% pour la première estimation de la croissance au 3ème trimestre. Des performances historiques ? Absolument pas.

 

Il suffit de remonter à 2014 pour trouver des taux de croissance supérieurs : 5.0% de croissance au 3ème trimestre et 4.6% de croissance au 2ème trimestre. Et en remontant encore un peu : 5.6% de croissance au 4ème trimestre 2009, 4.9% de croissance au 3ème trimestre 2007, 5.6% de croissance au 1er trimestre 2006. Et ce n’est pas fini : la Fed de New-York anticipe une croissance de seulement 0.4% au 4ème trimestre cette année ce qui serait la plus faible croissance depuis le 1er trimestre 2015, c’est-à-dire le plus faible taux depuis le début de la mandature Trump. Il s’agit d’un modèle de prévision relativement volatile mais la Fed d’Atlanta anticipe également de son côté une croissance de seulement 0.3% au dernier trimestre, là encore le plus faible niveau depuis début 2015.

Mais à force de mélanger déclarations sur l’économie et performance des indices boursiers, le président américain donne l’impression que les Etats-Unis n’ont jamais connu telle période.

 

Au-delà des chiffres de croissance énoncés précédemment, une question se pose : pourquoi, dans la « meilleure économie de tous les temps », la Réserve fédérale américaine a eu besoin cette année de baisser trois fois consécutivement ses taux, d’injecter depuis septembre près de 100 milliards de dollars de liquidité tous les jours sur le marché monétaire pour éviter une flambée des taux.

Et pourquoi la Fed a eu besoin d’annoncer l’achat de 60 milliards de dollars de bons du Trésor tous les mois ? Elle se défend d’avoir lancé un « quantitative easing » mais pour autant la taille du bilan de la banque centrale américaine a progressé de 280 milliards de dollars en 2 mois seulement. C’est-à-dire l’équivalent du « quantitative easing » actuel de la BCE sur un an complet !

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