Tue. Dec 3rd, 2024

Par Laurent Ferrara – Professeur d’Economie internationale SKEMA Business School

Les prévisions de croissance que vient de publier le FMI, le 20 janvier 2020, dans la mise à jour de ses Perspectives de l’Economie Mondiale ne sont pas très bonnes.

Tout d’abord, le FMI vient de revoir à la baisse son estimation de la croissance du PIB mondial pour 2019 à 2,9%, soit le chiffre le plus faible depuis 2010. De même, la prévision de croissance du PIB mondial pour 2020 est désormais de 3,3%, en baisse de 0,1 point de pourcentage (pp) par rapport à la prévision de 3,4% effectuée au mois d’octobre.

En ce qui concerne les prévisions de croissance du PIB en 2020 des grandes économies, la prévision américaine passe de 2,1% à 2,0% et celle de la zone euro de 1,4% à 1,3%. Toutefois la prévision pour la Chine a été revue à la hausse de 5,8% à 6,0%. L’inde pèse sur la révision à la baisse de la croissance mondiale, la prévision ayant été revue de -1,2pp à 5,8%.

Il s’agit de la 4ème révision à la baisse du PIB mondial pour 2020 depuis octobre 2018. Le FMI acte ainsi un ralentissement marqué en 2019 mais continue d’anticiper une amélioration en 2020, certes moindre. La tonalité est moins négative que celle de l’OCDE qui avait émis un signal d’alerte en novembre 2019 en évaluant la croissance mondiale à 3% pour 2020.

Le commerce mondial en particulier a été fortement impacté en 2019 par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, même si le rééquilibrage de l’économie chinoise vers plus de demande interne avait déjà commencé à influer négativement sur le commerce mondial. Selon le CPB, le commerce mondial en volume a chuté à – 2,1% de croissance en octobre 2019, par rapport à l’an dernier, alors que la croissance du commerce mondial se situait à plus de 4,5% en moyenne avant les premières annonces de hausses tarifaires.

Après deux années de croissance élevée, sous l’effet d’un stimulus budgétaire pro-cyclique lancé par l’administration Trump, les États-Unis voient l’effet des mesures budgétaires s’annuler et retournent vers leur potentiel de croissance, autour de 2%. A ce jour, les perspectives de récession américaine semblent s’éloigner; le scénario de ralentissement semble le plus plausible, la prévision du FMI pour 2021 étant de 1,7%.

Les facteurs qui supportent aujourd’hui la croissance au sein des grands pays industrialisés sont la consommation des ménages, notamment alimentée par des effets de richesse mobilière et immobilière positifs, et le secteur des services. Dans ce contexte, un choc géopolitique, qui pourrait se refléter dans une hausse des prix du pétrole, ou un choc sur les marchés financiers, qui pourrait initier une phase de baisse prononcée, affecterait alors la consommation des ménages et in fine la croissance.

 

 

 

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