Tue. Oct 8th, 2024

Par Isabelle Mateos y Lago Directrice générale au BlackRock Investment Institute – Cheffe Stratège Gestion diversifiée

2018 a été une année exceptionnellement difficile sur les marchés, toutes classes d’actifs confondues.

Mais nous voyons de bonnes raisons d’espérer que 2019 soit plus clémente pour les investisseurs, notamment le fait que les valorisations actuelles semblent refléter peu d’optimisme quant à la croissance future.

Nos thèmes clés pour ces perspectives 2019 sont le ralentissement de la croissance, une politique monétaire américaine qui approche le point mort et la recherche du juste équilibre entre sécurité et rendement.

Nous entrons dans une phase de ralentissement synchronisé de la croissance économique (sauf en Chine et au Japon) et des bénéfices des entreprises. Toutefois ce ralentissement est très largement anticipé et les niveaux de croissance attendus restent solides, notamment aux Etats-Unis, où le risque de récession reste faible en 2019, avant de s’accroître matériellement à l’horizon 2021. Dans cette phase de fin de cycle, les marchés risquent d’être particulièrement réactifs, et ce dans les deux sens, à tout nouvel indice sur la trajectoire de la croissance.

 

La politique monétaire américaine, après une décennie de soutien appuyé à l’économie, se rapproche du point mort ou elle n’est ni stimulante ni freinante. Cette perspective devrait amener la Réserve Fédérale à avancer dorénavant avec circonspection, rendant sa politique moins prévisible mais laissant espérer que la pause est proche et l’essentiel de la normalisation derrière nous. En Europe et au Japon a contrario, les politiques monétaires devraient durablement rester très accommodantes. Pour autant, les conditions financières en 2018 se sont durcies davantage sous le coup des inquiétudes géopolitiques que des politiques monétaires, et nous n’envisageons pas véritablement de répit de ce côté-là. Les tensions commerciales vont probablement rester élevées, et les risques de fragmentation de l’Europe, quoique moindres à court terme, restent inquiétants à moyen terme compte tenu des marges de manœuvre limitées pour faire face à une récession et de la timidité des progrès réalisés en matière de partage des risques.

 

La France, pour sa part, côté actions, a plutôt mieux tiré son épingle du jeu que le reste de l’Europe en 2018 mais sans pour autant pouvoir échapper au scepticisme d’ensemble affectant la zone. Sa capacité à surperformer en 2019 dépendra sans doute en partie de la poursuite des réformes structurelles et de la baisse durable de la pression fiscale.

 

Dans ces conditions, l’objectif est de trouver le bon équilibre entre sécurité et rendement. Nous gardons une préférence pour les actions sur les obligations mais avec moins de conviction qu’auparavant.

 

Côté actions, nous préférons les pays émergents, où les valorisations sont maintenant très attrayantes, et les Etats-Unis, compte tenu de perspective de bénéfices inégalées. L’Europe offre le couple risque-rendement le moins intéressant à nos yeux. Nous aimons aussi le facteur qualité, c’est à dire les entreprises avec des cash flows abondants et stables et des bilans sains ; et le secteur de la santé. Mais au fur et à mesure que les risques de récession s’accroissent, il est temps de revenir à une pondération neutre des obligations souveraines américaines, notamment sur la partie courte et intermédiaire de la courbe des taux. Nous restons neutres sur le crédit émergent et européen, avec une préférence pour l’investment grade et la dette en dollar.

 

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