Thu. Nov 21st, 2024

Par Vincent Boy, Analyste marché chez IG France

Un œil sur la situation

Les Etats-Unis ont fini par adopté hier le texte sur les mesures de soutien à l’économie, d’un montant de 2200 Milliards. Signée par le président, celle-ci fait maintenant partie de la loi mais le processus de distribution peut prendre du temps, alors que l’épidémie ne ralentie pas au niveau mondial et devient même très inquiétante au sein de la première économie du monde.

Le président américain, qui semblait confiant dans le recul de l’épidémie il y a une semaine encore, a également demandé aux industriels, General Motors et Ford en premiers, de construire des ventilateurs de toute urgence, en mettant en place le « Defense Production Act ». Donald Trump à écrit sur Twitter à destination de deux industriels automobiles, dans un mouvement qui ressemblait plutôt à de la panique, en leur ordonnant de se mettre au travail immédiatement.

Cette loi permet au président notamment de prioriser la production de matériel nécessaire à la défense du pays, d’allouer des matériaux, des services et des installations à la défense nationale ou encore de contrôler l’économie civile pour la concentrer sur la défense nationale.

A titre de comparaison, le président Barack Obama avait signé des mesures d’environ 789Mds$ en février 2009 pour soutenir l’économie et alors que les indices américains avaient déjà perdu plus de 50%, ils sont tous repartis en baisse de 15% à 20% dans les semaines qui ont suivies, pour finalement atteindre leurs points bas début mars 2009.

La situation à l’époque ne saurait être comparée, d’abord parce que la première baisse fulgurante n’a pas été causé ici par le ralentissement de l’économie mais par l’inquiétude de l’impact d’un virus sur la croissance économique mondiale et ensuite parce que l’épidémie est loin d’être terminée et donc que les conséquences sur l’économie américaine ou mondiale, sont pour l’instant, difficiles à chiffrer.

Ce dernier point nous laisse penser que ces mesures ne seront pas les dernières mais que l’administration américaine doit avant tout se focaliser sur le recul des infections et bien sûr la distribution rapide des aides qui ont été décidées dans le texte signé vendredi par le président américain, pour ensuite réfléchir à un retour rapide de l’activité économique.

 

Quelques mots sur la « Bill » à 2000 milliards

 

Il est vrai que ces mesures sont extraordinaires et historiques et en les comparant avec celles mises en place à la fois par le président Bush et le président Obama, on peut comprendre l’urgence et les craintes concernant l’économie dans les mois et trimestres à venir. En effet, en 2009 les mesures de soutien n’avaient atteint qu’environ 1000 milliards de dollars et s’étaient étalées sur plusieurs mois.

Les mesures signées vendredi comprennent des soutiens aux ménages avec des versements directs aux personnes qui en ont besoin, des hausses d’allocations et un assouplissement des règles d’obtention de l’assurance chômage ou encore des interdictions d’éviction. Elles englobent également de nombreuses aides aux entreprises pour les encourager à conserver leurs salariés et les aider à payer leurs taxes ou leurs emprunts et obligations contractuelles.

Le plus compliqué sera probablement de redistribuer ces fonds le plus rapidement possible. En effet certaines aides sont soumises à conditions et le processus de demande pourrait ralentir la redistribution. Par ailleurs celles-ci se basent sur les hypothèses actuelles d’évolution du virus mais étant donné leur faculté à anticiper celle-ci depuis le début de la crise, il est fort probable que de nouvelles mesures soient indispensables, plongeant un peu plus le budget et l’économie long-terme du pays dans les abîmes.

 

Et maintenant, qu’attendre du marché ?

 

Alors que les Etats-Unis sont maintenant l’épicentre de l’épidémie et même que l’Etat de New-York pourrait dépasser l’Italie avant la fin de la semaine, les marchés devraient se retrouver confrontés à une avalanche de mauvaises nouvelles, tant économique que sanitaire, augmentant le risque de rechute.

Acheter la rumeur, vendre la nouvelle. Maintenant que les mesures sont signées, celles-ci pourraient ne pas avoir le même impact sur les marchés. Bien que cette expression soit généralement associée à un processus de moyen terme, les mouvements de marché extrêmement volatils conduisant à un « bear market » (marché baissier) en trois semaines puis à « bull market » (marché haussier) en moins d’une semaine, n’ont rien de comparable avec une période de marché traditionnelle et cela pourrait nous conduire à atteindre de nouveaux records dans les semaines à venir.

La semaine prochaine nous serons principalement attentifs à l’évolution de la situation sanitaire aux Etats-Unis, car elle pourrait conduire l’administration américaine à durcir (enfin) le ton sur le confinement, qui pourrait par ailleurs s’étendre à d’autres Etats. Les statistiques économiques seront également très surveillées avec les indices PMI en Europe et aux Etats-Unis pour le mois de mars et les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage mais surtout les NFP (créations d’emplois non agricoles) qui seront sans aucun doute et pour la première fois depuis septembre 2010, négatives.

 

 

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