Sat. Nov 23rd, 2024

Dans notre dernière newsletter, nous nous concentrions sur la question de l’inflation. Alors que la hausse des prix s’établissait à des niveaux records depuis plusieurs décennies aux Etats-Unis, nous rappelions que les banques centrales travaillaient de concert avec les administrations de leur pays afin de limiter la charge de la dette des Etats, ce qui conduisait à des taux d’intérêt réels nettement négatifs. Du côté des tensions sur les matières premières et sur les intrants, il y avait un début de désengorgement des goulets d’étranglements nés de la longue phase de perturbations faisant suite à l’émergence de la Covid-19, notamment en provenance des pays émergents asiatiques. Enfin, nous constations, lors des négociations salariales collectives, que beaucoup d’entreprises augmentaient leur productivité via les variables « conditions de travail et télétravail » et pas seulement via les salaires.

Alors que l’épidémie connaissait en décembre une recrudescence forte avec Omicron, nous indiquions ne pas anticiper de changements pour la croissance en 2022, laquelle se situerait encore au-dessus de sa croissance potentielle. Concernant l’inflation, nous considérions traverser un pic, amené à rebaisser au fil des mois et plus particulièrement sur le second semestre 2022, du fait d’une spirale haussière prix/salaires qui ne se mettrait pas en place à grande échelle et d’un désengorgement de goulets d’étranglement sur plusieurs intrants.

D’un point de vue macroéconomique, la dynamique reste solide aussi bien au niveau des publications que des statistiques autour du fret ou de la production d’acier. Le variant Omicron, malgré sa plus grande contagiosité, n’a pas entraîné de mesures de restriction fortes, du fait à la fois de sa moindre nocivité mais aussi de la couverture vaccinale qui a beaucoup progressé dans de nombreux pays.

Les différences de rythmes de croissance entre zones géographiques sont essentiellement dues à sa diffusion : le variant a frappé plus tôt l’Europe, l’amenant à connaître un quatrième trimestre en retrait par rapport aux Etats-Unis notamment, alors que la tendance devrait s’inverser sur le premier trimestre 2022.

Le rebond des pays émergents reste quant à lui mesuré, lié notamment à la politique « zéro Covid » mise en place dans plusieurs pays, dont la Chine.

Au global, pour beaucoup de prévisionnistes, 2022 devrait être l’année de la normalisation de l’activité économique, avec une croissance mondiale autour de 4%, qui ne bénéficierait plus d’un soutien exceptionnel des politiques budgétaires, ni de politiques monétaires ultra-accommodantes.

La hausse importante des taux longs a été l’autre élément majeur du mois de décembre, traduisant le comportement plus agressif des banques centrales pour faire face à la remontée de l’inflation, mais également pour maintenir leur crédibilité. C’était d’ailleurs l’un des principaux risques que nous envisagions dans notre scénario autour d’Omicron.

La politique monétaire des banques centrales sera scrutée par les marchés en 2022. Rappelons que le pilotage de leurs actions monétaires est un « jeu subtil » : avec les Etats, celles-ci s’efforcent en effet de rendre supportables les déficits budgétaires, mais laissent le marché intégrer des politiques beaucoup plus restrictives lorsqu’une inflation plus durable menace leur crédibilité. C’est pourquoi les quatre hausses de taux actuellement anticipées par les investisseurs outre-Atlantique nous semblent trop nombreuses : la Fed devrait vraisemblablement modifier son discours et redevenir plus accommodante, dès que les statistiques économiques américaines et l’inflation se seront davantage normalisées.

En matière de politique monétaire, des différences entre zones géographiques sont à souligner.

§ Du côté de la Fed, le marché attend, dès sa prochaine réunion, des éléments de confirmation quant à la réduction des achats d’actifs, du rythme des hausses des taux, voire de réduction de la taille de son bilan. A cette occasion, la Fed pourrait modérer l’ensemble de ses anticipations tout en maintenant sa crédibilité face à des statistiques d’inflation qui ne se sont pas encore améliorées, notamment du fait des conséquences d’Omicron sur les circuits d’approvisionnement.

§ Du côté de la Banque Centrale Européenne, le discours est resté constant compte tenu d’une évolution de la production et des niveaux d’inflation, toujours en retrait par rapport à la situation américaine.

§ A l’inverse, en Chine, la banque centrale a annoncé un assouplissement de sa politique afin d’offrir de meilleures conditions aux entreprises, non seulement en libérant de la liquidité, mais en baissant également le taux directeur de ses prêts en fin d’année dernière.

Cet environnement économique et de politique monétaire devrait favoriser la zone euro, dont les indices incluent davantage de dossiers cycliques, comparativement aux Etats-Unis.

Enfin, du côté des entreprises, la vigueur de la reprise autoriserait normalement des progressions à deux chiffres de leurs résultats. Les analystes se montrent cependant encore prudents, du fait des craintes de hausses de salaire qui viendraient amputer leurs chiffres. Nous avons bien conscience des nombreux exemples de goulets d’étranglement et des hausses de salaire médiatisées dans plusieurs secteurs comme la restauration, mais la structure du marché de l’emploi a été largement modifiée après cette crise. Le télétravail notamment a favorisé l’accès à de nouveaux bassins d’emplois et exercé, a contrario, une pression déflationniste sur les salaires. Les exemples de négociations salariales collectives le démontrent : les hausses des salaires restent mesurées. La forte croissance de 2022 devrait donc se répercuter sur les résultats des entreprises et donc sur les valorisations des marchés.

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