Fri. Nov 22nd, 2024

Par William Gerlach Country manager France et UK chez iBanFirst

Lorsque le risque géopolitique est intégré par le marché et qu’à l’inverse, l’optimisme pour la croissance reprend de la vigueur, une baisse du DXY (indice du dollar américain) et une augmentation du goût pour le risque se produisent le plus souvent. Autant de paramètres qui profitent directement aux devises des PECO ( Europe centrale et orientale).

Phénomène encore plus frappant : la volatilité du marché a considérablement diminué ces dernières semaines. Cela pourrait durer, surtout si l’économie mondiale évite une récession – ce qui confirmerait notre scénario de base.

EUR/USD : Les principaux facteurs à l’origine de la récente faiblesse de l’euro sont d’aspects techniques, bien plus que la politique macroéconomique et monétaire. La parité a connu une longue période sans renforcement, c’est pourquoi, la phase de consolidation majeure était inévitable. Nous pensons que la zone 1.05-1.06 peut être un signal d’achat intéressant pour le cross avec un objectif de prix à 1.0950. Il y a encore un long chemin à parcourir pour que la monnaie dépasse le niveau psychologique de 1,10. Mais nous sommes convaincus que l’EUR/USD pourrait terminer l’année bien au-dessus de ce niveau, peut-être autour de 1,15.

EUR/GBP : Soyons honnêtes, nous sommes très surpris par la résilience de la livre sterling. La performance de l’EUR/GBP depuis le début de l’année est plutôt négligeable (+0.30 %). Nous sommes très sceptiques concernant l’économie britannique cette année, mais nous reconnaissons que la monnaie pourrait être découplée de la tendance macroéconomique. Nous pensons que le coût plus élevé du capital sera un facteur majeur de faiblesse économique. Au Royaume-Uni, il y a environ 2 millions de prêts hypothécaires à refinancer en 2023. Le taux bloqué se situait en moyenne à 2,5 % alors que le nouveau taux de refinancement est d’environ 6 %. C’est beaucoup plus de revenu disponible qui passe dans les paiements hypothécaires, et obère bien entendu le pouvoir d’achat disponible. C’est une des raisons pour lesquelles la Banque d’Angleterre se dégonfle. Selon nous, l’assouplissement quantitatif est une stratégie très risquée. Bien sûr, ce scénario est similaire dans de nombreux endroits. Par exemple, à Helsinki (Finlande), l’hypothèque moyenne représente environ 300 % du revenu net. Avec des taux passant de moins de 0 % à 3,5 %(+marge), cela signifie que plus de 10 % du revenu disponible est retiré du pays. C’est énorme. Mais dans le cas du Royaume-Uni, il faut ajouter l’impact structurel négatif du Brexit. Cela signifie que la situation risque d’empirer. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement que la livre sterling sera en chute libre cette année. Notre objectif pour l’EUR/GBP est de 0,90. Ce qui est plutôt positif compte tenu du cauchemar économique auquel le Royaume-Uni est confronté.

EUR/CHF : Nous considérons que le CHF sur-performera cette année car la Banque Nationale Suisse (BNS) est susceptible d’être plus hawkish que la Banque Centrale Européenne (BCE). La BCE va probablement mettre sa politique monétaire en pause cet été, tandis que la BNS va poursuivre ses hausses dans la durée. Habituellement, le franc suisse évolue surtout en fonction de l’aversion au risque. Cela n’a pas été le cas ces derniers temps. La politique monétaire est certainement le principal moteur de l’évolution de la monnaie. Nous pensons que l’EUR/CHF devrait atteindre le seuil de 0,96 à moyen terme. Si le risque politique augmente (les tensions sont fortes en Europe de l’Est), cela pourrait bien sûr aider le CHF. Toutefois, nous pensons que le risque politique jouera un rôle marginal sur le marché des changes cette année, ce qui signifie que la volatilité sous-jacente pourrait rester contenue.

EUR/CNH : La plupart des provinces chinoises ont dévoilé un objectif de croissance de 5 % ou plus pour 2023. Cet objectif ne sera pas aisé à atteindre, notamment parce que les gouvernements locaux sont toujours soumis à des contraintes budgétaires. Une grande vague d’échéances, la faiblesse de l’immobilier et les dettes liées à la covid limitent leur capacité à dépenser. C’est pourquoi les investissements dans les infrastructures ralentissent en 2023. De nouvelles mesures de relance budgétaire et monétaire sont néanmoins attendues. Nous parions que la PBoC réduira ses taux d’intérêt au deuxième trimestre et que les autorités poursuivront leur stratégie de monnaie faible. La dépréciation du CNH reste le moyen le plus efficace de stimuler l’économie, notamment dans un contexte de commerce international stagnant. Par conséquent, nous pensons que l’EUR/CNH continuera à évoluer à la hausse pendant la majeure partie de l’année.

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