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«Cela fait des années, voire des décennies que les marchés obligataires n’avaient plus été aussi attrayants», affirme Raymond Sagayam, CIO Fixed-Income chez Pictet Asset Management.

La crise de l’an passé a fait bondir les rendements des titres à revenu fixe à un niveau tel que les investisseurs jouissent aujourd’hui d’une bonne marge de sécurité. Ils vont en effet pouvoir dégager des revenus positifs, même si l’inflation s’installe durablement et si les taux continuent de monter.

Raymond Sagayam rappelle toutefois que le contexte géopolitique et macroéconomique invite à la prudence. Ainsi, «même si l’inflation semble faiblir, elle ne ralentira probablement pas aussi vite que les banques centrales ne le pensaient il y a un an. Il est donc encore trop tôt pour crier victoire dans la guerre contre l’inflation. Le risque aujourd’hui, c’est que les banques centrales conservent longtemps des taux élevés.»

«Je déconseille aux investisseurs de plonger tête la première vers les obligations. Prudence et sélectivité sont essentielles.»

Pour l’heure, entre l’inversion des courbes de rendement et des seuils de rendement très intéressants, les obligations à court terme paraissent extrêmement attrayantes.  Il semble toutefois évident que le cycle de durcissement des banques centrales touche à sa fin dans les pays développés (probablement en 2023). Les obligations souveraines à long terme devraient donc gagner en intérêt, que les taux stagnent ou qu’ils commencent à redescendre progressivement.

Sur le plan tactique, la dette émergente devient déjà intéressante, car les économies émergentes sont dans une position bien plus saine que lors des cycles précédents, et les banques centrales de ces pays ont de l’avance sur la courbe d’inflation. Autrement dit, les taux réels y sont bien plus élevés que dans les pays développés. En outre, les monnaies émergentes sont largement sous-évaluées, surtout par rapport au dollar.

Les obligations d’entreprise performeront probablement moins bien que les autres titres. A court terme, les pressions sur les bénéfices et sur les marges dues à la hausse des taux, à l’inflation et au ralentissement de la demande pèseront sur les entreprises, sans oublier les nombreux titres à refinancer dans les années qui viennent. Les spreads augmentent d’ailleurs déjà en prévision d’un rebond des taux de défaut, mais ils devraient se réduire à nouveau bien plus vite que lors de la crise financière de 2007.

«Nous n’en sommes qu’aux débuts, mais cela fait des années, voire des décennies que les marchés obligataires n’avaient plus été aussi attrayants, affirme Raymond Sagayam. La volatilité et la possibilité d’une stagflation généralisée pourraient peser sur les actifs risqués dans un contexte géopolitique déjà tendu. Mais les risques pris par les investisseurs sont compensés, surtout sur les marchés obligataires.»

Raymond Sagayam, Chief Investment Officer – Fixed Income

chez Pictet Asset Management

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