Fri. Nov 22nd, 2024

Par Maxime Mura, Gérant Taux et Crédit Investment Grade – Swiss Life Asset Managers France

En cours de stabilisation, le resserrement monétaire de grand ampleur entrepris par la Banque centrale européenne (BCE) a poussé les taux courts vers les sommets. En revanche, les obligations à long terme subissent le retour de la volatilité et voient leur prime de risque insuffisamment rémunérée. 

Le mouvement de hausse des taux auquel nous avons assisté depuis la mi-2022 est inédit. Après dix hausses de taux consécutifs, dont six en 2023, le taux de dépôt de la BCE ressort à 4,0%. Or, les investisseurs n’avaient pas anticipé l’ampleur de ce mouvement. Avec le statu quo observé à partir d’octobre, le cycle de resserrement monétaire semble néanmoins en voie de stabilisation et le « pivot » proche. La BCE devrait toutefois prolonger ce statu quo au cours des prochains mois. Les facteurs justifiant une nouvelle hausse (inflation persistante, relances budgétaires etc.) pourraient être en effet contrebalancés par des facteurs récessifs justifiant une baisse des taux (récession en Allemagne, marché immobilier sous tension, tensions géopolitiques). Au final, nous anticipons une première baisse des taux de 0,25% dès le mois d’avril, en ligne avec le consensus du marché, et six baisses de taux en 2024 qui porteraient le taux de dépôt de la BCE à 2,50% en fin d’année.

Sur les marchés interbancaires, les taux de référence (€STR et Euribor) ont atteint la barre des 4%, se négociant à des niveaux supérieurs aux taux d’emprunt d’Etat des grands pays européens (France, Allemagne) qui subissent en outre une très grande volatilité. Ainsi, nous estimons que ce risque de taux sur la partie longue de la courbe n’est pas rémunéré correctement. Dans ce contexte de marchés volatils, la quête de performance nécessite de se positionner de préférence sur le marché de la dette d’entreprise à court terme. Les primes offertes par les émetteurs par rapport au taux sans risque ont fortement progressé dans le contexte de hausse des taux et de la fin de « l’argent magique ». Les opportunités sur le marché obligataire de court terme ont été d’autant plus nombreuses que les volumes d’émissions sur le marché primaire ont été significatifs sur les maturités de court terme. Certains émetteurs ont en effet opté pour des échéances courtes afin de ne pas être pénalisés en cas de retournement des taux.

TCN : un marché de 340 Mds€ en France

Les investisseurs souhaitant se positionner sur des titres de court terme peuvent aussi prêter attention aux instruments de type TCN (Titres de créances négociables). Ce sont des titres financiers émis au gré de l’émetteur et qui offrent des caractéristiques similaires aux obligations. Les principaux atouts de ce marché reposent sur la transparence et la fiabilité, le respect des conditions d’émission des émetteurs étant garanti par la Banque de France (BdF). Seules les sociétés bénéficiant d’une notation élevée peuvent accéder aux marchés des TCN. La transparence des TCN est également garantie par la Banque de France. Si ces titres sont appréciés des investisseurs pour leur flexibilité dans le choix des échéances, ils offrent également un rendement attractif, égal ou supérieur à celui des autres produits monétaires. Le marché français des TCN atteint 340 Mds€ (selon la BdF), dont 200 Mds€ avec des maturités inférieures à six mois. Un instrument incontournable pour les gestionnaires de trésorerie et les investisseurs obligataires à court terme. 

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