Par Jean-Paul van Oudheusden, analyste de marché chez eToro
La semaine dernière, les actions du secteur des semi-conducteurs ont marqué une courte pause après une hausse prolongée. Les lois CHIPS à Taïwan, en Corée du Sud, aux États-Unis, dans l’UE, au Japon et en Chine ont stimulé des milliards de dollars d’investissements dans la construction de nouvelles usines, avec un plan de relance de 20 milliards de dollars pour le fabricant américain de puces Intel comme dernier exemple en date.
Les bénéfices élevés des entreprises, illustrés par les performances de NVIDIA, ont rassuré les investisseurs sur la capacité de ces entreprises à tenir leurs promesses grâce à des résultats financiers tangibles. La question clé est maintenant de savoir si le secteur approche du sommet d’un cycle régulier ou s’il entre dans un supercycle économique axé sur l’IA et stimulé par la géopolitique, les gouvernements rivalisant pour être à la pointe de la technologie.
Profiter des jeux de pouvoir géopolitiques
Les entreprises de semi-conducteurs sont devenues des monnaies d’échange entre les superpuissances. Cette situation a profité à des entreprises telles qu’ASML et Intel, qui exercent une influence sur les gouvernements nationaux. Hier, l’administration Biden a clairement indiqué que l’objectif du plan de relance d’Intel était de faire en sorte que les semi-conducteurs de pointe soient “fabriqués aux États-Unis”. En Europe, les décideurs politiques néerlandais ont paniqué lorsque Peter Wennink, PDG d’ASML, a fait allusion à la délocalisation des sites de production à l’étranger.
Les efforts visant à conserver l’expertise de haute technologie à l’intérieur des frontières sont évidents dans le monde entier. La licorne française de l’intelligence artificielle Mistral, qui a accueilli les investissements de Microsoft, a fait sourciller les responsables politiques européens, qui se sont plaints que trop peu de mesures avaient été prises pour empêcher les géants américains de la technologie d’absorber toutes les start-ups technologiques. M. Macron semble en avoir pris note. Mardi, il a annoncé plusieurs mesures visant à orienter davantage d’investissements vers les petites entreprises et à rendre Paris plus attrayante pour les nouvelles cotations. Il a également renouvelé le plaidoyer de la France en faveur d’une union des marchés de capitaux au sein de l’UE et a appelé l’Allemagne à “faire des propositions audacieuses similaires dans les semaines à venir”.
La reprise va-t-elle durer ?
La promesse de gains de productivité de l’IA est accueillie favorablement par de nombreuses personnes en raison de la rareté des ressources personnelles sur les marchés du travail. En attendant, les grands modèles linguistiques comme ChatGPT sont actuellement confrontés à des défis, car ils sont conçus pour répondre à “tout pour tout le monde”. Cette approche nécessite une plus grande puissance de calcul, et donc des puces à haute performance, que si ce n’était pas le cas.
Les indicateurs clés à surveiller en 2024, qui pourraient signaler un supercycle pour les semi-conducteurs, comprennent les revenus des produits et services liés à l’IA dans les entreprises Big Tech comme Microsoft, Apple et Meta, et les nouvelles réservations dans les entreprises de fabrication de puces comme ASML et Applied Materials.