Par
César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
A l’issue d’une semaine écourtée, les marchés actions américains ont poursuivi leur avancée, le S&P 500 enregistrant un rendement global de plus de 10% (en USD) i) au premier trimestre, soutenu par l’enthousiasme suscité par l’intelligence artificielle (IA), la perspective de baisses de taux, la bonne tenue de l’économie américaine et l’amélioration des prévisions de résultats. La semaine dernière, nous avons eu la confirmation que les gains du marché ne concernaient plus seulement les poids lourds de la technologie, comme l’a montré l’indice Russell 2000 ii) des petites capitalisations, qui a enregistré une hausse supérieure à celle du S&P500, tandis que le Nasdaq iii) reculait légèrement. Les marchés chinois et asiatiques (hors Japon) ont été à la peine la semaine dernière, comme ils l’avaient été tout au long du premier trimestre. Les marchés des obligations d’Etat ont été calmes la semaine dernière, malgré des rendements globalement toujours en hausse par rapport au premier trimestre. Signe de l’appétit pour le risque, les crédits non-investment grade ont surperformé leurs homologues investment grade au premier trimestre. Malgré la hausse des rendements américains et les taux réels élevés, l’or a augmenté au premier trimestre et la semaine dernière, tout comme le pétrole.
Les chiffres du PCE aux Etats-Unis en février sont apparus plus ou moins en ligne avec les attentes. Toutefois, l’augmentation du PCE sous-jacent à trois mois annualisés de 3,5% (contre 2,6% en janvier) pourrait donner à la Fed matière à réflexion. En outre, la remontée des marchés et la reprise des fusions-acquisitions (voir ci-dessous) suggèrent des conditions de financement pas si mauvaises malgré les relèvements de taux successifs. Alors que le gouverneur de la Fed Christopher Waller a déclaré qu’il ne voyait «aucune urgence» à baisser les taux, des questions continueront de se poser quant au calendrier et à l’ampleur de l’assouplissement monétaire aux Etats-Unis dans les mois à venir.
Les opérations de fusion-acquisition d’une valeur d’au moins 10milliards de dollars ont plus que doublé au premier trimestre, passant de 5 à 11 par an, et la valeur totale des fusions-acquisitions mondiales a augmenté de 30%. L’ensemble de ces éléments indiquent une reprise des opérations de fusion-acquisition après deux ans d’activité atone. Les opérations importantes sont concentrées aux Etats-Unis pour le moment, mais la reprise pourrait s’étendre à l’Europe et à l’Asie dans les mois à venir.
Le déficit public de la France a bondi à 5,5% l’année dernière, dépassant les prévisions, et contraignant le gouvernement à dresser tant bien que mal un plan d’économies. Si ajoute la décision rendue à la fin de l’année dernière qui a forcé le gouvernement allemand à geler les nouvelles dépenses budgétaires. Le resserrement budgétaire nous paraît l’un des principaux risques pour le redressement de l’économie de la zone euro.
i) Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, S&P 500 Composite (net 12-month return in USD): 2019, 31.5%; 2020, 18.4%; 2021, 28.7%; 2022, -18.1%; 2023, 26.3%
ii) Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, Russell 2000 (net 12-month return in USD): 2019, 25.5%; 2020, 20.0%; 2021, 14.8%; 2022, -20.4%; 2023, 16.9%.
iii) Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, Nasdaq Composite (net 12-month return in USD): 2019, 36.7%; 2020, 44.9%; 2021, 22.2%; 2022, -32.5%; 2023, 44.6%.