Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
Les nouveaux records battus cette semaine par le SP500 et le Dow Jones se font sur la base d’une remontée de Donald Trump, depuis quelques jours, dans plusieurs sondages en vue de l’élection présidentielle mais également en raison de données macroéconomique toujours solides aux Etats-Unis ces dernières semaines.
L’indice de « surprise économique » américain continue de se redresser et a atteint hier son plus niveau en six mois, après une nouvelle série de chiffres économiques supérieurs aux attentes. Les ventes au détail hors-auto sont ressorties en hausse de 0.5% pour le mois de septembre soit un chiffre…cinq fois plus élevé que le consensus ! Et le chiffre du mois précédent a été révisé en hausse.
Sans oublier les inscriptions hebdomadaires au chômage moins nombreuses qu’anticipé par le consensus ou encore le rebond marqué de l’indice d’activité de la Fed de Philadelphie, tiré pas sa composante « nouvelles commandes » notamment. Le sentiment des constructeurs de maisons (indice NAHB) s’est également amélioré en octobre.
Depuis la dernière réunion de la Fed mi-septembre, les bonnes surprises économiques se sont multipliées aux Etats-Unis, notamment si l’on fait référence au fort rebond de l’ISM Services ou encore au dernier bon rapport sur l’emploi.
La conséquence est un rebond marqué du taux 10 ans américain qui est passé en quelques semaine de 3.6% à plus de 4.1%. Et le Dollar Index a rebondi de près de 4% dans le même laps de temps.
La remontée de Donald Trump dans plusieurs sondages alimente une forme de « Trump Trade » qui désigne un comportement de marché dans lequel les indices grimpent, le dollar grimpe ainsi que les taux, en prévision de mesures de stimulation fiscales et d’allègements règlementaires.
Mais l’on peut s’étonner que les indices américains ne voient que le verre à moitié plein actuellement, notamment avec un SP500 qui se paie 22 fois les bénéfices anticipés, un multiple de valorisation élevé d’un point de vue historique.
Quel serait le verre à moitié vide ? Alors que les marchés anticipent un scénario « boucle d’or », c’est-à-dire un scénario dans lequel la trajectoire économique reste forte, avec une poursuite de la baisse de l’inflation sous-jacente et avec de nombreuses baisses de taux de la Fed en parallèle, la vigueur économique et l’hypothèse d’un second mandat de Trump pourraient empêcher la Fed de baisser autant les taux que dans ses dernières projections de septembre…
Et même si pour l’instant l’économie américaine semble très bien composer avec les taux élevés (en raison notamment d’une impulsion budgétaire toujours forte), la nécessité de contrôler le déficit après 4 années de fortes stimulations budgétaires et la persistance d’une politique monétaire restrictive trop longtemps pourraient provoquer un ralentissement marqué de l’économie américaine. Et les marchés actions américains se refusent complètement à voir ce risque-là, pour l’instant…