BoursePolitique monétaire

Le durcissement de la politique monétaire ne représente pas un risque pour les actions japonaises

Claudia Panseri – UBS France

Contrairement à la tendance mondiale d’assouplissement monétaire, la Banque du Japon (BoJ) adopte depuis 2024 une politique plus restrictive pour lutter contre l’inflation. En théorie, un resserrement de la politique monétaire peut représenter un risque pour les actions. Des taux d’intérêt plus élevés augmentent généralement le coût du financement et peuvent réduire les bénéfices des entreprises. Toutefois, l’impact réel dépend du rythme et de l’ampleur du resserrement, ainsi que des attentes du marché et du contexte économique global. Malgré cet environnement de hausse des taux, nous avons relevé la recommandation sur les actions japonaises à « Attractif ».

Décision de la BoJ de vendre des ETF : une surprise, mais l’impact devrait rester limité. Lors de sa réunion de politique monétaire du 19 septembre, la Banque du Japon a maintenu son taux directeur à 0,5 %, conformément aux attentes du marché, mais a surpris les investisseurs en annonçant le début de la réduction de ses avoirs en ETF. Elle prévoit de céder environ 330 milliards de yens en valeur comptable et 620 milliards de yens en valeur de marché d’ETF, ainsi que 5 milliards de yens en valeur comptable et 5,5 milliards de yens en valeur de marché de J-REITs (véhicules d’investissement cotés en bourse au Japon, spécialisés dans l’immobilier). Le montant concerné ne représente que 0,06 % de la capitalisation boursière du marché japonais, ce qui suggère un impact limité sur les actions japonaises.

D’un point de vue stratégique, nous estimons que l’impact de la politique monétaire sera limité et que les fondamentaux seront le principal moteur de la performance des actions japonaises.

Catalyseurs de la performance positive des actions japonaises. Les réformes structurelles domestiques sont de plus en plus reconnues comme des moteurs clés de performance et plusieurs autres facteurs favorables devraient soutenir le marché. Outre les réformes, la bourse japonaise bénéficie d’accords commerciaux entre le Japon et les États-Unis et d’autres partenaires qui se sont révélés meilleurs qu’attendu. Elle bénéficie aussi de la possibilité de politiques budgétaires plus accommodantes après l’élection à la tête du Parti libéral-démocrate (LDP), ainsi que du soutien des futures baisses de taux de la Fed et de la résilience de l’économie et du marché américains.

En se projetant vers 2026, nous identifions deux principaux catalyseurs à moyen terme :

(i)              La mise en œuvre de réformes de la gouvernance d’entreprise, qui devraient enfin permettre une amélioration significative de la rentabilité des fonds propres (ROE) ;

(ii)             Une progression attendue des bénéfices, soutenue par la reprise du cycle manufacturier mondial.

Rachats d’actions en hausse et saisonnalité favorable : des soutiens clés pour les actions japonaises au T4. Après avoir traversé le mois de septembre, souvent considéré comme une période faible pour les marchés actions mondiaux, les actions japonaises devraient bénéficier d’un soutien au quatrième trimestre, car nous anticipons une accélération des rachats d’actions lors de la publication des résultats du deuxième trimestre de l’exercice 2025 (exercice clos en mars 2026). Novembre est le deuxième mois le plus actif pour les annonces de rachats d’actions, après mai.

Bien que les bénéfices du deuxième trimestre de l’exercice 2025 devraient reculer en glissement annuel en raison de l’impact des droits de douane, cela ne devrait pas surprendre le marché. Au contraire, les investisseurs pourraient commencer à intégrer une reprise des bénéfices pour le prochain exercice, à mesure que l’impact des tarifs s’estompe.

Les valorisations sont raisonnables en comparaison internationale. Le ratio cours/bénéfices (P/E) de l’indice MSCI Japon s’établit à 16,0x, soit le haut de sa fourchette historique (12 à 16x) ; il n’apparaît donc pas particulièrement bon marché. Toutefois, au vu du potentiel d’amélioration de la rentabilité des fonds propres, cette valorisation nous semble justifiée. Notons que, dans un contexte de hausse des valorisations mondiales, les actions japonaises restent attractives par rapport aux autres marchés. De plus, les ratios cours/bénéfices (P/E) des principaux marchés actions, y compris les États-Unis, l’Europe, le Japon et la Chine, se situent tous à un niveau supérieur d’environ 10 % par rapport à leur moyenne post-2020 (Fig. 1). Ainsi, le Japon n’apparaît pas particulièrement cher par rapport à son propre historique.

Après le récent rallye, les cours des actions pourraient se stabiliser dans les prochaines semaines. Selon nous, tout repli constituerait une opportunité d’entrée intéressante pour les investisseurs de long terme.

Fig.1 Les indices actions se négocient à une prime par rapport à leur historique

Ratio cours/bénéfices prévisionnel à 12 mois

Où investir ? À court terme, nous privilégions les actions orientées vers le marché domestique, dotées de moteurs de croissance spécifiques et bénéficiant de l’inflation au Japon—comme les services informatiques, les banques, l’immobilier et les technologies médicales.

À moyen terme, nous considérons que les valeurs cycliques mondiales engagées dans une accélération des rachats d’actions ou des réformes structurelles—comme les sociétés de machines, certains constructeurs automobiles et les entreprises technologiques—offrent des valorisations attractives et un profil rendement/risque attrayant.

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