
Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
· L’emploi américain ne confirme pas le risque de récession brandit par certains analystes. En avril, les créations d’emplois ont dépassé les attentes à 177 000 contre un consensus à 130 000. En outre, après un mois de mars décevant, les recettes fiscales ont fortement augmenté en avril de 8,4% sur un an. C’est une bonne nouvelle. Toutefois, cela pourrait compliquer la tâche de la Réserve Fédérale américaine. Le consensus s’attend avec certitude à une baisse des taux en juin. Ce n’est pas acquis.
· En avril, selon les chiffres de Bloomberg, les particuliers ont été les principaux acheteurs d’actions au niveau mondial, pour un total de 40 milliards de dollars. Tant que les institutionnels ne seront pas revenus massivement, un rebond durable des indices est illusoire.
Le marché des options est dysfonctionnel et fait face à un risque de crise de liquidité. C’est un marché essentiel pour les entreprises et les fonds spéculatifs. Habituellement, les trésoriers d’entreprise vendent des options pour réduire le coût des couvertures qu’ils utilisent pour se protéger contre les fluctuations des taux de change. Cela constitue une source normalement constante d’options que les banques peuvent vendre à des institutionnels, notamment les fonds spéculatifs, qui vont utiliser ces contrats pour se couvrir ou spéculer sur les fluctuations des monnaies. Mais en raison de la guerre commerciale, le marché est complètement déséquilibré. Nous sommes dans une situation où les acheteurs de volatilité sont bien plus nombreux que les vendeurs, ce qui entraîne une chute massive de la liquidité à chaque fois que l’euro s’apprécie par rapport au dollar ou que ce dernier franchit de nouveaux points bas. Une telle situation est inédite. Elle entraîne un rebond de la volatilité – celle sur les options euro-dollar est à son point haut depuis cinq ans – et des chutes fréquentes de la liquidité qu’on observe d’habitude uniquement en période de crise financière ou lors de la crise Covid. |