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Défis politiques

Par César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management

Les droits de douane contestés

La semaine dernière, un tribunal américain a estimé que la plupart des droits de douane imposés par l’administration Trump constituaient un abus de ses pouvoirs exceptionnels, tout en acceptant leur maintien jusqu’à la mi-octobre pour laisser à la Maison Blanche le temps de faire appel. Cet appel devant la Cour suprême pourrait néanmoins prendre plusieurs mois, ce qui accroît l’incertitude sur les marchés. Le S&P 500i a progressé de 0,1% la semaine dernière (en dollars). Le secteur technologique a sous-performé après la publication par Nvidia de résultats reflétant un ralentissement de la croissance des ventes. Christopher Waller, l’un des gouverneurs de la Fed, s’est prononcé en faveur d’une baisse des taux de 25 pb en septembre. De son côté, sa collègue Lisa Cook a refusé de démissionner malgré les pressions de Donald Trump.

En Europe, le Premier ministre français se soumettra le 8 septembre à un vote de confiance sur son projet de réduction du déficit budgétaire, ce qui fait planer la menace d’une chute du gouvernement. La crise politique qui se profile maintient les coûts d’emprunt de la France à un niveau élevé (ces derniers se sont rapprochés de ceux de l’Italie). Le risque d’une dégradation de la note souveraine a augmenté et la décision de Fitch, attendue le 12 septembre, sera cruciale. En recul de 2% sur la semaine, les actions européennes ont sous[1]performé leurs homologues américaines. Les banques britanniques ont chuté après la proposition d’un cercle de réflexion d’instaurer une nouvelle taxe ciblant les prêteurs. En Italie, le gouvernement cherche à se procurer de nouvelles ressources budgétaires auprès des banques domestiques.
Selon le président français Emmanuel Macron: «Les partis politiques doivent se montrer capables de trouver un compromis gage de stabilité. S’ils devaient choisir le désordre, ils porteraient une lourde responsabilité dans le contexte géopolitique actuel.»

INDICATEURS CLÉS
Aux Etats-Unis, l’inflation PCE sous-jacente a augmenté de 0,3% en glissement mensuel, comme attendu. Cette hausse a fait passer le taux annuel de 2,8% à 2,9%. Parallèlement, les ventes de logements neufs ont dépassé les prévisions en juillet grâce au recul des prix. En Chine, la chute des bénéfices dans l’industrie a ralenti, s’établissant à -1,5% en juillet après un plongeon de -4,3% en juin (en glissement annuel). Au Japon, l’IPC de Tokyo a reflété une certaine modération en atteignant 2,6% en août, contre 2,9% le mois précédent (en glissement annuel).

ANALYSE DES MARCHÉS

Le rapport sur l’emploi non agricole aux Etats-Unis fournira une idée de l’ampleur potentielle de la baisse des taux de la Fed cette année. Son président, Jerome Powell, a indiqué que le marché du travail primait désormais sur l’inflation dans les décisions de la banque centrale. Nous sommes négatifs vis-à-vis des obligations d’Etat américaines et mondiales. En France, il est peu probable que François Bayrou survive au vote de confiance. Un budget édulcoré pourrait être adopté, sachant que le risque majeur réside dans la tenue d’élections anticipées. Les actifs français, y compris les obligations souveraines, devraient rester sous pression à court terme, mais le risque de dégradation est sans doute déjà intégré dans les cours.

Sur le front des entreprises, les opérations de fusion-acquisition se sont nettement redressées au cours de l’été, confirmant que les investisseurs devaient rester patients vis-à-vis de ce segment au niveau mondial. Parmi les transactions récentes, on peut citer l’acquisition – conclue la semaine dernière – d’un fabricant de boissons pour USD 18 mia. Une grande marque de sport mondiale est également sur la sellette.

En Chine, Vladimir Poutine a appuyé la vision d’un nouvel ordre économique et sécuritaire mondial défendue par Xi Jinping, lors d’un forum sur la sécurité auquel participait également le Premier ministre indien. Nous apprécions l’or pour son rôle de valeur refuge.

Les marchés réagissent sans paniquer

La perspective du vote de confiance sollicité par le Premier ministre français, François Bayrou, a eu un impact limité sur les rendements souverains. Le spread s’est creusé de 13 pb immédiatement après l’annonce de vendredi dernier, mais la hausse a finalement été limitée à 9 pb. Cette réaction modérée s’inscrit dans un contexte d’écart de rendement déjà élevé, alors que la crise politique de l’an dernier avait entraîné une envolée du spread de 22 pb au mois de juin. Depuis lors, le spread s’est maintenu à des niveaux historiques, que ne justifie pas la notation de la dette publique française.

FIN&CO.TV

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