Sat. Jul 6th, 2024

Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Le taux 10 ans américains évolue à son plus haut niveau depuis novembre à plus de 4.45%…et le durcissement des propos de nombreux membres de la Fed y a contribué.

Austan Goolsbee, habituellement très « colombe », a lancé les hostilités jeudi. Alors qu’il anticipait plusieurs baisses de taux en 2024, il a déclaré que si l’inflation continuait d’évoluer sans tendance (« sideways »), cela le ferait réfléchir sur la nécessité de baisser les taux cette année.

A quelques minutes d’intervalle, Neel Kashkari, un autre membre de la Fed, faucon celui-ci, employait à peu près les mêmes mots : « Il est possible que la Fed ne baisse pas ses taux si l’inflation stagne »

Le lendemain, c’est au tour de Lorie Logan, plutôt « centriste » en termes de positionnement, de déclarer qu’il « est trop tôt pour penser à baisser les taux étant donné les risques haussiers pour l’inflation », ajoutant que le FOMC devait rester prêt à répondre de façon appropriée si l’inflation cessait de ralentir.

La séquence s’est achevée avec Michelle Bowman vendredi après-midi : « « Bien que ce ne soit pas mon scénario de base, je continue de voir le risque que, lors d’une prochaine réunion, nous devions relever davantage le taux directeur si la progression de l’inflation stagnait ou même s’inversait »

Quand un large échantillon de membres de la Fed, incluant aussi bien colombe que faucon ou centriste, tient des propos très ressemblants à quelques heures ou minutes d’intervalle, il est difficile de ne pas y voir une action concertée pour durcir un peu les conditions financières et envoyer un message aux marchés.

Notamment au moment où l’inflation PCE sous-jacente fait du surplace (seulement 0.1% de ralentissement en 3 mois en donnée annuelle), où la composante de prix de l’ISM manufacturier rebondit sensiblement, où le pétrole a repris près de 30% depuis son point bas de décembre et où le marché de l’emploi reste très solide comme en témoigne le dernier rapport.

Conséquence ? Les probabilités de ne pas avoir de baisse de taux de la Fed en juin sont remontées à 51% (via les Futures Fed Funds) aujourd’hui alors qu’elles étaient à 0% fin décembre, après le « pivot » de Jerome Powell…Le marché n’anticipe désormais plus que deux baisses de taux cette année…contre plus de 6 baisses de taux en décembre.

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