Par Veracash
Dans le vacarme des campagnes électorales successives, le brouhaha des réseaux sociaux et celui des chaînes d’info, nous nous sommes lancé un défi : essayer d’ausculter l’économie française. Et utiliser un stéthoscope dans le bruit, ce n’est pas simple. Alors comment elle va l’économie française ce matin ? |
Que nous disent les chiffres ? |
On imagine bien l’économie française sous les traits d’une personne ronchon qui répondrait à cette question rhétorique : “ça se voit non ? Pas bien”. Mais essayons de faire un point sur l’état de santé de l’économie avec des chiffres. Le chômage autour de 7,5 % Pour les moins de 20 ans, voire de 30 ans, ce taux de chômage peut sembler toujours assez élevé. On parle de plein emploi autour de 5 points. Il reste donc du chemin à parcourir. Mais pour les plus âgés, ceux qui ont connu le chômage de masse à partir du milieu des années 80, c’est quand même un événement. 7,5 % de chômage, on n’avait pas connu ça depuis 1983 ! Un PIB en augmentation de 0,2 % Au premier trimestre 2024, le PIB en France a augmenté de 0,2 % selon l’Insee, l’institut national de la statistique et des études. Comme on a décidé de positiver, on va dire que c’est toujours mieux qu’une récession. Une inflation et des taux en baisse L’inflation au premier trimestre 2024 est de 2,2 % selon l’institut national de la statistique. On est proche du dogmatique 2 % d’inflation des banques centrales. Ce qui justifie donc la baisse des taux d’intérêt de la BCE, la Banque centrale européenne. Cette baisse des taux devrait entraîner un accès plus facile au crédit, immobilier notamment. Et la réindustrialisation, ça en est où ? Dans un article des Echos de février 2024, on trouve un inventaire « à la Prévert » des entreprises qui ont annoncé des investissements importants en France, soit pour développer des outils industriels soit pour en créer. S’y trouvent des industries pharmaceutiques, Novo Nordisk et Sanofi. Mais aussi des entreprises qui veulent développer des batteries et des unités de stockage électrique comme Verkor (français) et les champions taïwanais Prologium et chinois Xtc. Tous ces investissements sont largement soutenus par le gouvernement et les collectivités. |
Et en « ressenti », comment va l’économie française ? |
Comme pour les températures météorologiques, il faut aussi parler du ressenti. |
Un taux d’épargne toujours très élevé Si on poursuit notre analogie avec la santé, l’épargne c’est un peu les grosses chaussettes et le cache-nez lorsqu’on a peur de prendre froid. Depuis 2020, les Français ont décidé d’épargner ou de moins dépenser. Entre 1988 et 2018, le taux d’épargne se situe entre 11,5 et 14,5 % selon l’Insee. Avec une petite poussée entre 2008 et 2010 (subprimes et crise de l’Euro). En 2020, un taux record est atteint avec 20,4 % pour cette année COVID. Depuis, cela ne baisse pas tant que ça. En 2023, 17 % des revenus sont épargnés, placés ou même laissés sur les comptes courants ! Des sommes qui ne font pas tourner l’économie réelle. D’importantes faillites d’entreprises Le PGE (prêt garanti par l’État) a provoqué un effet retard mais l’incendie couvait toujours. Après une chute drastique des liquidations en 2020 et 2021, le nombre de faillites en février 2024 est de 5 300. Un niveau plutôt dans la fourchette haute depuis 2008. La promotion immobilière et le bâtiment souffrent le plus. Et la dette publique dans tout ça ? Avec une dette à près de 112% du PIB, la France figure parmi les plus mauvais élèves de l’Union européenne. Il faut dire que le protectionnisme durant la COVID a fait du mal aux finances publiques. Mais voilà, c’était sans compter sur l’incertitude politique du moment : les taux d’emprunt de la France sur les marchés explosent, alourdissant le poids de dette de plus de 600 millions d’euros par an. À ce jour, l’écart entre les obligations (ou OAT) françaises et allemandes à 10 ans est à un niveau rarement atteint. Optimiste ou pessimiste, c’est évidemment une question de point de vue. Une diversification de son patrimoine peut répondre aux deux états d’esprit. Seule la répartition changera : métaux précieux, épargne réglementée, investissements, consommation… |