Entre manque de visibilité et incertitudes politiques, les marchés oscillent
Par Nortia – Observatoire Nortia du 1er trimestre 2025
Dans le sillage d’une fin d’année 2024 mouvementée, le premier trimestre 2025 confirme un climat économique toujours instable. Entre marchés volatiles, tensions géopolitiques persistantes et grandes attentes autour des politiques monétaires, les investisseurs naviguent à vue.
Construit sur la collecte (versements initiaux et complémentaires) et sur les mouvements d’arbitrage de plus de 2 800 Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP) partenaires de Nortia, l’Observatoire brosse un panorama dynamique de leur activité en assurance-vie, en compte-titres et en PER. À travers leurs arbitrages et choix d’allocation, ces professionnels traduisent les signaux du marché en stratégies patrimoniales.
Au cours du premier trimestre, la scène politique américaine – et plus particulièrement son président – continue de monopoliser l’attention des investisseurs et d’influencer fortement les marchés actions. Quelques signaux contrastés ont émergé avec un net essoufflement des « 7 Magnifiques », piliers incontestés des indices. Si les perspectives d’une politique monétaire plus souple de la Fed ont rassuré, certaines promesses électorales de Donald Trump ont ravivé l’incertitude, alimentant la nervosité sur les marchés financiers. Résultat : le NASDAQ 100 recule de -8,09% et le S&P 500 de -4,37% sur la période.
Dans le prolongement des tendances américaines, l’Europe reste en quête d’un second souffle. Plusieurs facteurs macro-économiques continuent de souffler le chaud et le froid sur les marchés européens : croissance poussive, indicateurs manufacturiers hésitants, climat politique encore instable mais portés par un début d’année qui reste dynamique et par la forte hausse de plusieurs valeurs importantes. Ainsi, ce trimestre boursier marque un très bon parcours de certains secteurs, notamment les valeurs bancaires. Porté par un dynamisme retrouvé et des signaux de stabilisation économique, le CAC 40 s’adjuge +5,37% au cours du T1 2025.
« Cette progression reste néanmoins fragile : les marchés européens demeurent très sensibles aux annonces venues de Washington. Les fameux “Trump trades” ont affecté les indices européens en fin de trimestre. L’incertitude ambiante incite les investisseurs à plus de prudence et les encourage à diversifier davantage leurs allocations, tant sur le plan géographique que sectoriel », commente Philippe Parguey, Directeur Général de Nortia.
Assurance-vie : une répartition de la collecte désormais orientée UC
- 51% de la collecte brute est orientée en Unité de Compte (UC). La répartition équilibrée entre fonds euros et UC observée en 2024 cède légèrement du terrain aux UC. Sans pour autant marquer une rupture franche, ce basculement témoigne d’une appétence en progression pour les actifs risqués après une année 2024 dominée par la prudence.
Sur la poche Unités de Compte (UC) :
- Les produits structurés conservent la première place du podium. Ilsont vu leur flux augmenter de 4,20 points au T1 2025 atteignant 30% des parts d’UC. Les plus gros volumes sont alloués à des produits avec un sous-jacent indiciel et des produits de taux garantis en capital, indexés sur le taux CMS à 10 ans.
- Les actions continuent d’intéresser les investisseurs et représentent 15,50% des parts d’UC, principalement allouées sur des fonds globaux et sectoriels. A noter que 7% de la poche actions uniquement est investie dans les ETF, ce qui illustre l’intérêt des CGP pour la gestion active.
- Les fonds obligataires cèdent leur 2ème place aux fonds actions avec 15,10% des parts d’UC même si les fonds datés continuent de susciter l’intérêt des investisseurs, représentant 42% de la collecte obligataire.
- Les fonds monétaires continuent eux aussi de perdre du terrain représentant maintenant 11,50% de la poche UC. Une part néanmoins significative qui les place en 4ème position mais qui, comme pressenti lors du précédent trimestre, continue de diminuer à mesure que les taux poursuivent leurs baisses.
- Les fonds diversifiés et les fonds de gestion alternative talonnent de près les fonds monétaires attirant respectivement 9,70% et 8,30% de la collecte en UC. Après avoir connu une augmentation assez conséquente en fin d’année dernière, les fonds diversifiés enregistrent tout de même une légère baisse de 2,3 points.
- La classe d’actifs immobiliers affiche à nouveau une part faible dans les UC s’élevant à seulement 1,80% malgré la sixième baisse consécutive des taux directeurs effectuée par la BCE début mars.
Compte-titres : un début d’année actif, entre arbitrages tactiques et recherche d’opportunités
Les volumes d’investissement en compte titres restent en ce premier trimestre stables et sur les mêmes niveaux qu’au dernier trimestre de l’année 2024, alors qu’ils étaient à leurs plus hauts. Les dynamiques observées évoluent et illustrent l’incertitude qui gagne les investisseurs :
- Avec près de 400 produits lancés au premier trimestre, les produits structurés confirment leur statut de classe d’actifs phare en compte-titres. Leur souplesse continue de séduire, notamment à travers des solutions privilégiant le versement conditionnel de coupons réguliers sur le compte espèces des investisseurs. Parmi les produits les plus plébiscités figurent également ceux adossés aux séries de l’indice iTraxx Main, dont la rentabilité évolue en fonction du nombre d’entités affectées par des événements de crédit.
- Les fonds monétaires poursuivent leur repli et l’ampleur de la décollecte s’intensifie. Les conseillers poursuivent leurs arbitrages sur ces fonds, dont les rendements attendus à horizon 6 à 12 mois sont désormais en baisse.
- Malgré des volumes entrants de plusieurs dizaines de millions d’euros, les classes d’actifs actions et obligataires enregistrent une collecte nette négative, en raison d’une montée des flux sortants au cours du trimestre. Après un début d’année dynamique, le contexte macroéconomique et géopolitique a inversé la tendance : prises de bénéfices, inquiétudes autour d’un éventuel retour des tensions commerciales, reprise des conflits géopolitiques et militaires ont poussé les CGP à sécuriser les comptes-titres.
- Enfin, les volumes alloués à la gestion alternative et aux fonds flexibles/diversifiés affichent une collecte nette globalement stable. La gestion alternative obligataire reste plébiscitée alors que les fonds actions long/short sont davantage concernés par des rachats. Pour les fonds flexibles, l’expérience de gestion prime et les conseillers concentrent leurs choix sur des fonds ayant des track records éprouvés dans la durée.