Par Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
C’est fait. La Banque Centrale Européenne (BCE) a abaissé son taux directeur de 25 points de base. Malheureusement, il n’y avait pas de débat en interne au sein du conseil des gouverneurs sur l’opportunité d’une baisse plus importante. Historiquement, les pays proches de l’approche allemande ont toujours eu une voix prépondérante au sein de l’institution. Cela s’est traduit par un poids important accordé dans les décisions aux signaux faibles pouvant indiquer des pressions inflationnistes. Ainsi, il y a deux semaines, le gouverneur slovène avait publiquement questionner l’opportunité d’une baisse des taux en octobre, s’inquiétant d’une éventuelle boucle prix-salaires qui ne se matérialise pourtant pas depuis le début d’année.
La bonne nouvelle, c’est que ça va peut-être changer. Nous sommes face à une inversion économique radicale au sein de la zone euro qui pourrait avoir à long terme un effet sur le fonctionnement institutionnel de la BCE. Les pays du Sud de l’Europe – l’ancien Club Med – sont désormais le moteur économique de la zone. Une banque italienne souhaite racheter l’une des principales banques allemandes (inimaginable il y a cinq ans), le Portugal emprunte à un taux moins élevé que la France, la Grèce peut se vanter d’avoir un excédent budgétaire et une production industrielle parmi les plus élevées de la zone euro, l’Espagne a un indicateur PMI à 56 etc. On peut espérer que l’Europe du Sud finira par avoir un poids plus important dans les décisions de la BCE et qu’on arrêtera de se focaliser à outrance sur les risques inflationnistes quand l’économie est en phase de stagnation – voire de récession pour l’Allemagne.
Essayons d’être positif.
Perspectives
Cette semaine va être un douloureux rappel du décrochage européen (publication du climat des affaires IFO en Allemagne) et de la surperformance de l’économie américaine (indicateurs d’activité PMI pour le mois d’octobre). La Banque du Canada doit également se réunir et acter une baisse du taux directeur de 25 points de base – c’est déjà intégré dans les prix du marché.
Le saviez-vous ?
Il y a beaucoup de remous autour du rachat de la filiale de Sanofi qui produit le Doliprane par un fonds américain. C’est présenté comme un sujet de souveraineté. En réalité, le principe actif du Doliprane est produit en Asie depuis longtemps. L’usine française se contente de le mélanger à des excipients pour le mettre en cachets.
La vraie question de politique publique ne serait pas plutôt de savoir ce qu’on fait pour que le prochain Ozempic* soit développé en France ?
*traitement initialement développé contre le diabète qui est désormais utilisé pour lutter contre l’obésité.