La BCE baisse ses taux directeurs pour la huitième fois de suite et ramène son principal taux à 2%
Par Grégoire KOUNOWSKI – Investment Advisor chez Norman K
Les marchés considèrent cette nouvelle réduction comme étant l’avant-dernière du cycle d’assouplissement actuel car les divisions commencent à poindre au sein de la BCE. Parmi les membres du conseil des gouverneurs, les profils « faucons » plaidaient pour un maintien des taux jusqu’en septembre quand les « colombes » soulignaient la faiblesse de l’activité économique et la baisse de l’inflation, ce qui justifiait à leurs yeux de poursuivre une politique monétaire accommodante. Des divergences qui permettent d’imaginer que le cycle actuel s’achèvera avec une dernière baisse de taux lors de la réunion de juillet.
Du côté des indicateurs macroéconomiques, au cours du 1er trimestre 2025 le PIB de la zone euro n’a augmenté que de 0,3% par rapport au précédent trimestre, les économistes pariant sur 1% de croissance dans la zone euro en 2025. La croissance reste donc faible pour l’ensemble du bloc sur fond de tensions commerciales avec les droits de douane américains.
Il reste d’ailleurs difficile d’établir si ces tarifs douaniers exerceront une pression à la hausse sur les prix en Europe, en raison de leur impact sur les chaînes d’approvisionnement. De son côté la Banque d’Angleterre estime, à l’inverse, que leur effet sera plutôt désinflationniste, notamment dans le secteur des services car les salaires y progressent désormais à un rythme plus lent que les prix.
Jusqu’ici, les données de l’inflation pour le mois d’avril étaient plutôt rassurantes. Dans la zone euro, elle s’est élevée à 2,2 % en avril et reste à portée de l’objectif d’un « taux neutre » de 2 %. En mai l’inflation est même attendue sous la barre des 2% selon Eurostat.
Si la croissance ne décolle pas vraiment dans la zone euro, les projections des économistes sont plutôt positives, notamment grâce aux investissements conséquents consentis par l’Allemagne. Autant d’éléments qui permettent d’expliquer une nouvelle baisse de 25 bps selon Christine Lagarde. La présidente de la BCE a par ailleurs tordu le cou aux rumeurs évoquant son départ précipité de l’institution en confirmant qu’elle irait bien au bout de son mandat jusqu’en octobre 2027.