Par Arnaud Colombel – Directeur gestion crédit chez Mandarine Gestion
Une forte baisse des taux anticipée : oui à moyen terme, pas sûr à court terme
La baisse des taux, tant espérée et attendue, se concrétise. Les marchés anticipent à ce stade de fortes baisses des banques centrales, à un rythme soutenu. Chez Mandarine Gestion nous ne sommes pas convaincus que le rythme soit aussi rapide, même si d’ici fin 2025 les banques centrales européennes et américaines notamment vont bien poursuivre activement le mouvement de baisse initié cet été. La question qui se pose c’est la réaction de l’économie suite à cette période de taux élevés : allons-nous vers un soft landing, scenario le plus probable ou une récession plus dure ? Quoiqu’il arrive les obligations ont basculé dans un nouveau paradigme retrouvant un monde normal, avant les « quantitative easing » des banques centrales, bien connu.
Conséquences pour l’épargnant d’un monde avec des taux entre 2 et 3%
Le monde des taux à 0% voire négatif est terminé, ainsi que celui des taux à 4%, les banques centrales intervenant régulièrement. Bien évidemment le rythme des baisses sera beaucoup dicté par la FED et les indicateurs américains. Les élections américaines pèseront beaucoup plus que les élections françaises.
Conséquences pour l’épargnant français :
- Les produits au rendement sécurisé, tant appréciés par les français, ne délivrent plus un taux attractif qui va mécaniquement baisser au fil des mois
- Les obligations, qui ont connu une année noire exceptionnelle en 2022 suite à une hausse violente des taux ultra rapide de 0 à 4%, ont trop vite disparu des allocations d’actifs alors que dorénavant elles sont à nouveau décorrélées des actions.
- S’exposer aux obligations, c’est se protéger d’éventuelles baisses du marché actions, c’est profiter de la volatilité retrouvée des marchés et de certaines valeurs cotées impactées par les conditions économiques plus difficiles
- Privilégier à nouveau une gestion obligataire active et diminuer ses ETF. Quand les marchés sont calmes et prévisibles, les arbitrages à faire sont très peu nombreux, investir dans un ETF pouvait avoir du sens. Aujourd’hui, quand la volatilité est de retour, que les incertitudes économiques sont grandes, et qu’il faut très régulièrement arbitrer des valeurs et des expositions, les performances des fonds actifs bien gérés vont mécaniquement s’envoler.
« Avec la baisse des taux, le monde de l’obligataire retrouve tout son sens et les performances du passé. Nous nous trouvons dans un market timing parfait pour que l’épargnant arbitre ses allocations et retrouvent une exposition à l’obligataire de l’ordre de 40%. Au sein de cette classe d’actifs, les fonds obligataires flexibles sont à privilégier car ils vont bénéficier de plusieurs moteurs de performances liés à la baisse des taux des banques centrales, et aux excès de réactions de marchés suite à des annonces d’indicateurs macroéconomiques ou à des résultats financiers inattendus d’entreprises cotées. Un fonds flexible bien géré peut, dans ce nouveau monde de taux entre 2 et 3%, générer une performance double de celle d’un ETF investment grade. Le changement de paradigme redonne tout son sens à la gestion active. »