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Par Nicolas Chéron, Responsable de la Recherche Marchés pour Binck.fr

Les bancaires françaises ont particulièrement souffert depuis le début de l’année. L’action Société Générale a perdu 33% entre son plus haut annuel et son plus bas récent, BNP Paribas 28%, soit bien pire que l’indice français qui perd 2.6% depuis le 1er janvier (en date du 17 octobre 2018). BNP Paribas publiera ses résultats du 3ème trimestre le 30 octobre, suivie le 8 novembre par Société Générale, Crédit Agricole et Natixis.

En attendant que les résultats trimestriels des bancaires françaises nous permettent de savoir lesquelles ont réussi à tirer leur épingle du jeu dans un univers toujours plus concurrentiel, une question s’est imposée à nous lors des dernières séances. Parce que le CAC40 est revenu à proximité de son support de long terme à 5000/5050 points, testé à de nombreuses reprises depuis un an, et dans le scénario d’une tenue et non d’un effondrement des marchés, se pourrait-il que le secteur bancaire prenne le relais ou du moins ne surperforme ?

Imaginons un instant que le poids du dossier italien sur nos banques s’estompe et que les opérateurs, échaudés par le violent décalage baissier des secteurs du luxe et de l’automobile, recherchent des valeurs délaissées plutôt que des dossiers reconnus récemment comme « chers ». Une rotation sectorielle en faveur des bancaires leur permettrait peut-être de reprendre de la hauteur ou du moins, de potentiellement surperformer… Ci-dessous, un graphique qui compare la force relative des valeurs bancaires et du Nasdaq100 par rapport au SP500. Il ressort que lorsque les valeurs technologiques (nos valeurs du luxe à nous) corrigent, les valeurs bancaires tirent leur épingle du jeu. Un tel système de vase communiquant pourrait très bien prendre forme en Europe.

 


Graphique du KBW Bank Index et du Nasdaq100 contre le SP500. Source : Bloomberg, Octobre 2018

Côté américain, les résultats parus ont été plus que satisfaisants : Goldman Sachs et Morgan Stanley ont conclu la saison des grandes banques américaines ce mardi avec des hausses respectives de chiffre d’affaires de 3.8% et 7.3% malgré un climat de guerre commerciale. À la lecture de la dernière étude des secteurs préférés des gérants de Bank of America Merrill Lynch, le secteur bancaire en Europe est en troisième position après les services financiers et l’énergie, il reste donc de la place, ce n’est pas ce que l’on appelle un « crowded trade » c’est-à-dire un trade avec un très (trop) large consensus favorable.

Bien évidemment, pour qu’un tel mouvement s’opère, nombreuses sont les conditions. Les indices américains devront prouver qu’ils restent solides, le CAC40 devra tenir les 5000 points, et les résultats des groupes français devront montrer une certaine solidité. Italie, Turquie, Brexit entre autres sont des dossiers qui peuvent engendrer des faiblesses, ce qui a été le cas ces derniers mois, mais ce sont des risques inhérents aux marchés, non systémique pour le moment.

 

Graphique journalier de BNP Paribas depuis juin 2018

 

 

Graphiquement, BNP Paribas représente parfaitement le compartiment. Une valeur baissière à moyen terme, maintes fois bloquée sous résistance ces quatre derniers mois, sur ses plus bas annuels. Alors que cette valeur ne présente peu voire pas d’éléments haussiers à court terme, c’est la proximité avec un support de long terme à 38 euros qui nous intéresse ici. Parce que la solidité de l’oblique (orange) a été mise maintes fois à rude épreuve, cette dernière pourrait s’estomper. Si tel devait être le cas, les cours pourraient chuter vers le support des 38 euros travaillé en 2013, 2014 et 2016. C’est alors qu’il pourrait potentiellement entraîner une réaction haussière, ne serait-ce que de court terme. Autrement dit, reculer pour mieux rebondir. À contrario, si ni l’oblique ni la zone des 38 euros n’arrivaient à soutenir les cours, une nouvelle vague baissière serait alors certainement à la manœuvre sur le secteur et il faudrait alors patienter un étage plus bas.

 

 

 

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