Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
Le nouveau locataire de Matignon va avoir du pain sur la planche tant l’économie française est à la traîne.
Petit palmarès des chiffres qui devraient lui causer quelques sueurs froides :
- Le taux d’emploi augmente à 69% de la population mais reste très inférieur à celui de l’Allemagne (77%).
- La productivité est atone : +1,3% en 2023 (dernier chiffre disponible)
- Le coût de refinancement de la dette de la France augmente, passant en moyenne de 2% à 3,5%.
- La progression des dépenses publiques est tendanciellement supérieure à la croissance potentielle, entre 1,2% et 1,6% contre une croissance potentielle à 1%.
- La hausse de la fiscalité n’induit pas nécessairement une augmentation des rentrées fiscales. Prenons la taxe sur les yachts. Elle devait rapporter entre 5-10 milliards d’euros par an. Ce fut finalement 60,000 euros. À l’inverse, la baisse de l’impôt sur les sociétés à 25% a permis un doublement de son rendement à 60 milliards d’euros par an.
- La diminution du coût du travail engagée depuis plusieurs années conduit à un nivellement vers le bas…similaire à l’Italie où les inégalités salariales sont faibles. Mais, point important, seuls 10% des salariés ont un salaire supérieur à 40,000 euros brut par an. Vraie paupérisation.
- La France compte 560,000 élus – signe des excès de la décentralisation.
À surveiller
L’emploi américain est le principal point d’attention cette semaine puisqu’il va guider l’évolution de la politique monétaire américaine à court terme. La baisse du taux directeur de -25 points de base attendue par le marché en octobre est conditionnée à un mauvais chiffre des créations d’emplois en septembre. Ces derniers mois, les statistiques américaines ont été fortement révisées. Ce n’est pas inhabituel. C’est lié à un problème de collecte des données qui est présent depuis une décennie mais qui s’est accentué avec la Covid. Les chiffres de l’assurance-chômage transmis par les États au Département du Travail à Washington sont moins fiables que par le passé, d’où un décalage parfois important entre la première estimation des créations d’emplois et la dernière. Évidemment, cela pose un sérieux problème pour savoir quel est l’état réel de l’économie américaine. Cela complique aussi la tâche de la banque centrale qui navigue un peu à vue. Par conséquent, il faudra éviter de surinterpréter les statistiques qui seront communiquées ce vendredi. Elles sont loin d’être définitives.
A noter
Possible pression à la baisse sur le yen en raison de la décision de la Banque du Japon de commencer à céder ses ETF. Le calendrier prévoit 330 milliards de yens de ventes chaque année. En juin 2025, le stock atteignait encore 37 186,1 milliards de yens, soit l’un des plus élevés au monde.