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Les marchés actions sous tension : ventes forcées et valorisations attractives!

Par Dorian Raimond, Directeur du Trading et de la Stratégie obligataire d’Hilbert Investment Solutions

En l’espace de quelques semaines, les investisseurs sont passés d’une phase d’attentisme à une correction brutale qui rappelle celle de 2020. Les baisses successives ont amplifié les ventes forcées (appels de marge, stratégies « vol target », suivisme de tendance…) mais, paradoxalement, celles-ci renforcent le confort par rapport à la valorisation de nombreux actifs.

En 2020, après une première chute d’environ 15 %, une deuxième vague de -30 % avait suivi, avant une remontée fulgurante à partir du 18 mars, lorsque les flux de ventes forcées s’étaient taris, laissant place à des acheteurs marginaux. Aujourd’hui, le S&P 500 enregistre lui aussi une double baisse de 10 %, avec un niveau de risque (expositions « vol target ») similaire à la phase intermédiaire de 2020.

Au-delà de la mécanique des marchés, le phénomène de démondialisation, accéléré depuis 2016, impose de réévaluer certains secteurs sans pour autant céder à un scénario catastrophiste (comme ce fut également le cas en 2020 pour de toutes autres raisons). Contraintes par l’inflation, les banques centrales ne montrent pas de soutien monétaire franc, tandis que la pression sur les taux (besoins de financement souverains, résurgence de l’inflation) nourrit l’idée d’un ralentissement économique forcé pour espérer un retour à des politiques accommodantes.

Défi ou opportunité: l’Europe et l’Asie en première ligne

Cependant, d’un point de vue purement « fondamental », la correction actuelle semble déjà substantielle, même si de nouvelles ventes forcées restent possibles si la baisse s’accentue (« aspect technique »). Dans ce contexte, quelques éléments semblent plutôt encourageants :

  • L’Europe (et l’Asie) pourrait bénéficier d’un rééquilibrage de flux d’investissement, notamment grâce à la cohésion renforcée de l’Union européenne et à l’évolution historique de la politique d’endettement en Allemagne (un changement tectonique);
  • L’hypothèse d’un rapprochement UE-Chine dans le contexte d’un nouvel ordre économique mondial, s’il n’est publiquement pas à l’ordre du jour, n’est pas à exclure et apporterait un levier additionnel pour la zone euro et les marchés asiatiques.
  • Depuis la mi-février, la théorie d’investissement n’a pas fondamentalement changé. Toutefois, l’administration américaine a affiché son désintérêt pour les conséquences de ses nouvelles politiques sur les marchés, ce qui a contribué à la récente chute. Désormais, des critiques émergent au sein même du camp Républicain, tant de la part de grands soutiens financiers que de certains membres du Congrès.
  • Ce lundi, la forte volatilité suscitée par les rumeurs puis le démenti de suspension des droits de douane s’est finalement conclue sur une performance nulle de l’indice élargi américain S&P500, contrastant avec la baisse de 5 % enregistrée à l’ouverture européenne. Cela suggère un flux marginal acheteur à ces niveaux. En outre, les flux sur certains ETF (notamment S&P 500) ont atteint des records, signe d’un transfert de risque « sain ».

En 2020, un investissement réalisé à mi-parcours de la baisse avait recouvré sa valeur en deux mois, malgré l’ampleur de la correction. Au vu des dynamiques actuelles, ces niveaux de marché semblent donc, de manière sibylline, investissables… A bon entendeur!

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