Mon. Sep 16th, 2024

Des experts ont été interrogés par le Natixis Center for Investor Insight

  • Même si les marchés américains offrent aux investisseurs le meilleur potentiel de rendement, les élections américaines représentent le plus grand risque.
  • Bien que la plupart des experts pensent que le risque d’une récession mondiale est derrière nous, deux tiers (67 %) estiment que les marchés sont trop optimistes.
  • Les experts marchés pensent que les portefeuilles diversifiés, composés d’actifs alternatifs, surperformeront les portefeuilles traditionnels 60/40.
  • 80 % des sondés affirment que l’IA aidera à faire émerger de nouvelles opportunités.
  • 60 % des sondés s’attendent à ce que l’investissement à impact continue de se développer.

Avec une accalmie sur le front de l’inflation et les craintes d’une récession mondiale désormais derrière nous, les marchés financiers ont connu un premier semestre encourageant. Toutefois, près de 7 experts sur 10 (67 %) de Natixis Investment Managers et de ses sociétés de gestion affiliées, estiment que les marchés sont peut-être trop optimistes à l’approche d’un deuxième semestre plein d’incertitudes.

Les réponses de 30 stratégistes, gérants de portefeuille, analystes et économistes de Natixis Investment Managers et de ses sociétés de gestion affiliées, interrogés en juin 2024, montrent qu’au second semestre tous les regards seront tournés vers les États-Unis à l’approche des élections présidentielles.

Les investisseurs restent prudents malgré un début d’année solide

Bien que 73 % des stratégistes interrogés estiment qu’il n’y a pas (10 %) ou peu (63 %) de risques d’une récession mondiale, l’incertitude persiste. 74 % des répondants voient les élections présidentielles américaines comme un risque moyen (37 %) ou élevé (37 %) pour les investisseurs au deuxième semestre, et 77 % affirment que les élections sont importantes pour les marchés. 60 % pensent que ces élections vont peser sur les marchés plus qu’elles ne les soutiendront. Cependant, 3 sur 10 (30 %) affirment qu’elles relèvent plus du bruit que d’un véritable tournant pour les marchés. L’inflation, qui est redevenue un enjeu électoral pour la première fois depuis des décennies, figure parmi les principales craintes des stratégistes : ainsi, environ 47 % s’inquiètent de la « politisation » de la Fed lors de ses décisions de réduction des taux.

Bien que l’inflation ait continué de diminuer au premier semestre, les stratégistes la considèrent toujours comme un risque potentiel pour les investisseurs, seuls 7 % pensant ainsi que la Réserve fédérale atteindra son objectif d’ici la fin de l’année, et 4 sur 10 (40 %) craignant qu’une inflation surprise puisse mettre fin au rallye du marché. 77 % sont préoccupés par le maintien de taux élevés sur une période prolongée. 70 % s’attendent à deux baisses de taux de la Banque centrale européenne (BCE) au second semestre, 67 % s’attendent à deux baisses de la part de la Banque d’Angleterre (BOE), alors qu’ils ne sont que 37 % à en attendre de même aux États-Unis.

Les défis politiques continuent de préoccuper

80 % des sondés redoutent qu’ils ne constituent un obstacle au deuxième semestre en raison de la guerre en Ukraine, du conflit israélo-palestinien et des relations sino-américaines en cours. Ils sont même 47 % à penser qu’un conflit géopolitique pourrait potentiellement mettre fin au rallye actuel du marché.

La dette publique pèse également sur les esprits des stratégistes. 70 % affirment que les déficits publics sont un critère important lorsqu’ils regardent le marché. D’un côté, 53 % pensent que les niveaux d’endettement sont soutenables pour le moment mais qu’ils représentent une menace pour l’économie sur le long terme ; alors que de l’autre, 37 % estiment qu’ils ont déjà atteint des niveaux insoutenables.

À la recherche d’alpha dans un contexte d’incertitude 

Deux tiers (67 %) des répondants à l’enquête considèrent que la bourse américaine offrira au second semestre le meilleur potentiel de rendement aux investisseurs, contre seulement 10 % pour le Royaume-Uni et 3 % pour l’Europe. Deux tiers (67 %) encore pensent que les stratégies « growth » vont surperformer les stratégies « value », et plus de 7 sur 10 (73 %) anticipent de meilleures performances des grandes capitalisations par rapport aux petites.

Même s’ils estiment que les performances seront moins concentrées, 60 % des sondés voient le secteur des technologies de l’information aux Etats-Unis comme le plus porteur au deuxième semestre. Ils ne sont que 10 % à penser que ce secteur offrira les meilleurs rendements en Europe. Dans cette région, c’est le secteur financier (20 %) qui devrait le mieux performer, suivi par la santé (17 %).

Du côté de l’obligataire, des niveaux de taux plus élevés ont rendu les obligations plus attractives. Les stratégistes sont partagés quant au segment du marché américain qui offrirait le meilleur potentiel de rendement. Mais tous indiquent dans leur sélection une préférence pour la qualité du crédit, 23 % prévoyant que les obligations souveraines « core », à court comme à long terme, et la dette d’entreprises « investment grade » offriront les meilleurs rendements au deuxième semestre. En Europe, 27 % voient les obligations de qualité « investment grade » des marchés développés comme ayant le meilleur potentiel de rendement.

Moins nombreux sont ceux qui pensent que le rapport risque-rendement va jouer en faveur des obligations en ayant une plus grande exposition au risque de crédit : seulement 13 % des sondés pensent en effet que le « high yield » et la dette émergente en devise forte offriront les meilleures performances.

Ce que les investisseurs doivent savoir sur la trésorerie, les taux et les obligations

La remontée des taux a conduit de nombreux investisseurs individuels à se tourner vers les produits monétaires de court terme, perçus comme des “valeurs sûres” et offrant des taux inédits depuis le début du siècle. Mais les experts rappellent vite qu’en matière d’investissement, il n’y a pas de rendement gratuit.

Interrogés sur les principaux risques liés aux fonds monétaires que les investisseurs pourraient négliger, 53 % des répondants ont déclaré qu’il y avait de meilleurs rendements à trouver ailleurs : les performances au premier semestre des grands indices boursiers mondiaux en sont la preuve.

On n’arrêtera pas l‘intelligence artificielle, que cela nous plaise ou non

L’IA générative est un catalyseur de la croissance des valeurs de la tech depuis la fin 2022. Les sondés prévoient que l’IA aura un impact majeur sur les marchés au cours des deux à cinq prochaines années : 73 % d’entre eux suggèrent qu’elle va transformer les schémas de marché traditionnels et 77 % estiment qu’elle accélérera le day trading. 97 % pensent que l’IA n’a pas encore atteint son plein potentiel mais comprennent toutefois qu’elle n’est pas sans risques : 93 % pensent que la puissance croissante de l’IA augmentera le risque de fraude et d’escroquerie au cours de l’année à venir.

Au-delà des marchés, les experts réfléchissent désormais à l’impact à long terme de l’IA sur leurs propres pratiques commerciales : 80 % affirment qu’elle les aidera à découvrir de nouveaux débouchés autrefois indétectables, et 70 % pensent qu’elle leur permettra de déceler des risques invisibles jusqu’à présent.

Des investissements alternatifs pour diversifier les portefeuilles

Compte tenu de la complexité de la situation au second semestre, les investissements alternatifs devraient jouer un important rôle de diversification dans les portefeuilles. Six sondés interrogés sur dix (60 %) pensent qu’au second semestre un portefeuille composé à 60 % d’actions, à 20 % d’obligations et à 20 % de placements alternatifs devrait surperformer un portefeuille traditionnel 60/40.

Les sondés préfèrent légèrement ces stratégies, qui offrent des niveaux plus élevés de diversification et de protection contre les risques, à celles ayant le potentiel de générer un rendement supérieur. Ils considèrent en effet que les métaux précieux et les stratégies de rendement absolu (17 % aux États-Unis, 20 % en Europe pour les deux) sont des facteurs traditionnels d’atténuation des risques qui peuvent apporter une protection contre le retournement des marchés et, dans le cas des métaux précieux, une couverture continue contre l’inflation.

Ils sont en revanche un peu moins nombreux à considérer que la dette privée (13 % aux États-Unis, 13 % en Europe) et le capital-investissement (17 % aux États-Unis, 10 % en Europe) sont susceptibles de générer des rendements pour les investisseurs au second semestre.

L’avenir de l’investissement durable

La totalité (100 %) des experts de Natixis Investment Managers s’accordent à dire que la politique reste le principal facteur de clivage en ce qui concerne l’investissement durable. Cependant, la moitié des personnes interrogées pensent que, dans les deux à cinq prochaines années, son succès dépendra avant tout des investisseurs, car la demande des consommateurs sera plus forte que les pressions politiques.

Plus de la moitié (57 %) des répondants estiment que les réglementations liées à ces investissements se renforceront, mais il ne devrait toutefois pas y avoir de mouvement d’harmonisation à l’échelle mondiale, seulement 10 % pensant que l’UE et les États-Unis réussiront à s’entendre sur des exigences réglementaires, des définitions et des cadres de reporting communs. Malgré tout, les deux tiers (67 %) croient que les scores ESG établis par les fournisseurs de données convergeront, ce qui devrait entraîner un recul du nombre d’acteurs dans les cinq prochaines années.

60 % des sondés s’attendent à ce que l’investissement à impact continue de se développer et 50 % pensent que les gestionnaires d’actifs devront s’engager à atteindre la neutralité carbone pour remporter des marchés en Europe et en Asie.

Mabrouk Chetouane, directeur de la stratégie marchés internationaux chez Natixis Investment Managers, commente :

« La maîtrise du risque des portefeuilles constituera un enjeu de premier ordre dans les mois à venir dans un contexte où la visibilité devrait se réduire en raison de risques économiques et politiques croissants. Les méthodes usuelles de diversification seront bien entendu à privilégier mais la détérioration du cycle et le changement de ton attendu des banques centrales devraient constituer un atout pour les marchés obligataires en particulier pour la dette d’état. En outre, tous les regards seront rivés vers les États-Unis où l’issue de la course à la Maison Blanche déterminera incontestablement plusieurs paramètres clés pour les investisseurs comme le soutien budgétaire à l’économie, la trajectoire des prix ou bien l’engagement des Etats-Unis dans le maintien d’une sécurité mondiale. »

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