Bourse

L’Europe Loving…

David TAIEB, directeur des investissements en actifs cotés chez Sienna Investment Managers

Après l’Europe Bashing, voici l’Europe Loving… Depuis le début de l’année, les
investisseurs reviennent en force sur le Vieux Continent, entraînant une dynamique
d’afflux de capitaux soutenue. Pourtant, de nombreux investisseurs restent encore
sous-exposés à la région. De notre côté, l’Europe demeure au cœur de nos
allocations, bien que la récente remontée des taux puisse progressivement peser
sur les valorisations de certains secteurs. C’est pourquoi nous restons attentifs aux
opportunités aux États-Unis, où les points d’entrée redeviennent plus attractifs.

Croissance
En ce début d’année, l’activité économique est robuste aux États-Unis, s’améliore en Chine et
se redresse dans la zone euro. En 2025, la croissance du P.I.B. mondial devrait se situer au-
dessus de 3 %. Cependant, les possibles hausses des droits de douane américains pourraient
impacter la croissance mondiale et rendent incertaines les perspectives économiques.


Inflation
Selon l’estimation provisoire de l’INSEE, les prix à la consommation n’ont augmenté que de
0,8 % sur un an, en février. Pour la première fois depuis 2021, l’inflation française en glissement
annuel est inférieure à 1 %. Aux États-Unis en janvier, les prix à la consommation ont progressé
de 3 % sur un an, contre 2,9 % en décembre 2024.


Politique monétaire
La BCE a de nouveau baissé ses taux directeurs de 25 pb et ouvre la porte à de nouvelles
baisses dans les prochains mois. De son côté, la Fed a interrompu son cycle de réduction
de ses taux en attendant d’en savoir un peu plus sur l’inflation. Selon nous, ce cycle pourrait
redémarrer avant la fin du premier semestre 2025.

La politique économique de Trump, un risque pour la croissance mondiale ?

Donald Trump veut revoir les tarifs douaniers appliqués à 17 000 produits importés aux États-
Unis en provenance de 186 pays. Si certains pays privilégient le dialogue, d’autres s’apprêtent à
réagir fermement, ce qui peut engendrer une guerre commerciale mondiale et pénaliser les
perspectives de croissance.
Ces annonces semblent surtout confirmer la stratégie du Président américain : négocier de
meilleurs accords commerciaux, inciter les entreprises étrangères à relocaliser leur production
sur le territoire américain et trouver de nouvelles sources de financement.
Ce climat de guerre commerciale commence à générer de l’incertitude pour les consommateurs
américains. En effet, les ventes au détail aux États-Unis se sont nettement repliées en janvier, et la
confiance des ménages est en forte baisse en février. Donald Trump provoque également l’inquiétude
des entreprises américaines, ce qui pourrait ralentir la dynamique des investissements et peser
sur la croissance.
La capacité bénéficiaire de ces entreprises n’est cependant pas démentie jusqu’à présent, comme
en attestent les derniers résultats trimestriels. Cependant, les actions de Donald Trump commencent
à inquiéter les marchés financiers US, dont les signes d’affaiblissement s’accumulent, ce qui
pourrait mener à une correction prochaine des indices boursiers.

En Europe, le marché actions a connu une forte progression depuis le début de l’année, porté
par des espoirs d’amélioration économique. La consommation se redresse, la BCE poursuit son
cycle de baisse des taux directeurs et les investissements devraient rebondir.
Il y a aussi des catalyseurs positifs : une détente des prix de l’énergie avec un éventuel cessez-
le-feu en Ukraine, l’allègement des contraintes réglementaires européennes sur un certain nombre
de secteurs pour augmenter la compétitivité, et le nouveau programme pro-croissance de
l’Allemagne.
Cependant, un renforcement des droits de douane de la part des États-Unis sur les produits
de l’UE pourrait retarder le rebond de la croissance européenne. En effet, en cas d’application
de la menace de 25 % de tarifs douaniers sur les importations européennes, le coût direct potentiel
avoisinerait les 100 milliards d’euros, soit environ 0,7 % du P.I.B. de la zone euro.
Par ailleurs, l’incertitude risque de peser fortement sur la confiance des acteurs économiques,
freinant la dynamique d’investissement. Les risques sont donc plutôt baissiers pour l’activité en
Europe, laquelle fait déjà face à une industrie en berne et à une demande qui peine à rebondir
durablement.
Dans ce contexte, nous adoptons une posture prudente dans nos investissements en réduisant
notre surexposition aux marchés actions initiée en début d’année.

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