Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
L’ancien président de la Fed de New-York, Bill Dudley, veut que la Fed frappe fort d’entrée dans le cycle de baisse de taux.
Il a présidé la Fed de New-York de 2009 à 2018 et avant cela était le chef économiste de Goldman Sachs de 1986 à 2007. Il écrit depuis quelques temps de chroniques pour Bloomberg dans lesquelles il exprime souvent des avis tranchés.
Sachant également que comme il n’est plus membre de la Fed, il n’est pas tenu de respecter la période de « blackout » qui précède chaque réunion de la Fed, période pendant laquelle le silence médiatique est de rigueur pour les membres de l’institution monétaire…
Il titre sa dernière chronique : « La Fed doit frapper fort maintenant. Et je pense qu’elle le fera »
Il avance comme arguments qu’une « baisse de 50 points de base cadrerait bien avec la prochaine série de projections économiques des responsables de la Fed, qu’ils publieront cette semaine. Les marchés s’attendent à une baisse totale d’au moins 100 points de base d’ici fin 2024. Si la Fed n’en fait que 25 maintenant et en prévoit 50 supplémentaires lors d’une de ses deux prochaines réunions cette année, elle enverra un signal « hawkish ». Les gens se demanderont pourquoi elle ne baisse pas davantage ses taux immédiatement ». Une baisse plus importante dès le départ mettrait la Fed dans une position plus confortable pour la suite selon lui.
Il avance également des arguments économiques : « Le taux de chômage a augmenté de 0,8% par rapport à son point bas de janvier 2023. Au cours des trois derniers mois, l’emploi salarié a augmenté au rythme le plus lent depuis 2020. L’inflation des salaires s’est modérée à moins de 4 %, tandis que la mesure d’inflation préférée de la Fed tourne autour de 2,5%. Même si les prix à la consommation de base ont augmenté un peu plus que prévu en août, cette hausse a été tirée par des catégories qui ont tendance à être à la traîne (assurance et logement), et le dernier rapport sur les prix à la production suggère que l’inflation PCE sera considérablement plus modéré. »
Reste désormais à voir si Jerome Powell partage la même analyse. On attend aujourd’hui les chiffres des ventes au détail aux Etats-Unis, ainsi que des données sur la production industrielle. Les données sur la consommation vont être très importantes pour les marchés et pour la Fed, et elles pourraient bien sceller le sort de l’ampleur de la baisse de taux qui nous attend demain…avant la publication de ces chiffres cet après-midi, les probabilités de marché pour une baisse de taux de 50 bps demain soir sont de 69% (via les Futures Fed Funds) et donc seulement 31% pour une baisse de 25 bps.