Moody’s a dégradé la note des USA
Grégoire KOUNOWSKI – Investment Advisor chez Norman K
Moody’s, la dernière agence de notation à accorder son crédit maximal aux Etats-Unis, a finalement dégradé la note du pays vendredi, invoquant son endettement et ses déficits hors de contrôle. Une décision motivée par l’incapacité des institutions américaines à endiguer la croissance du déficit public et le manque de garanties fournies par l’administration Trump pour y remédier. « Nous ne pensons pas que des réductions des dépenses et du déficit puissent être réalisées avec la proposition de loi budgétaire actuellement en discussion », a justifié l’agence dans un communiqué.
La note passe donc de Aaa à Aa1 avec perspective stable. Une annonce précipitée par l’échec, le jour même, de l’adoption d’un texte important sur le budget au Congrès. Cinq élus républicains ont fait capoter un vote décisif sur l’avancement d’un mégaprojet de loi, considéré comme la pièce maîtresse du programme économique de Donald Trump. Ce projet de loi doit alourdir la dette nationale de 3 000 à 5 000 Mds$ sur une décennie (soit l’équivalent de 9% du PIB), alors que la dette publique américaine devrait atteindre près de 40 000 Mds$ (soit 107% du PIB) d’ici à 2029. Les économistes soulignent aussi le risque de ralentissement conjoncturel lié à la guerre commerciale de Donald Trump, ce qui pourrait entraîner une baisse des recettes budgétaires et une progression des dépenses publiques.
C’est aussi un camouflet pour Elon Musk à la tête du DOGE. En dépit des mesures drastiques décidées par l’homme d’affaires, l’ampleur globale des dépenses fédérales n’a que peu changé. Elles ont même augmenté de 8% en mars 2025 par rapport à mars 2024. L’objectif précédemment affiché de 2 000 Mds$ d’économies dans le budget fédéral a été largement réévalué, passant d’abord à 1 000 puis à 150 Mds$ pour 2026.
Après l’annonce de Moody’s, le dollar a chuté et les marchés obligataires se sont tendus. Le rendement de l’emprunt à 10 ans est passé de 4,44 à 4,54% ce lundi matin. Il s’agit du taux le plus élevé depuis 2007, juste avant la crise financière des subprimes. De son côté la Maison Blanche a critiqué l’économiste en chef de Moody’s Analytics, à l’origine de la dégradation de la note, estimant que « personne ne prend ses « analyses » au sérieux ». Moody’s est la 3e et dernière grande agence à dégrader la note des États-Unis après Fitch en 2023 et Standard and Poor’s en 2011.