Nouvelle chute du gouvernement mais pas de panique boursière à l’horizon.
Antoine Fraysse-Soulier, analyste de marché pour eToro
Le gouvernement Bayrou vient de chuter, moins de huit mois après la démission de Michel Barnier, premier chef de gouvernement de la Ve République à être renversé par une motion de censure. Cette chute était déjà largement anticipée, après le climat politique tendu.
Les marchés financiers sont-ils inquiets ? Depuis l’annonce du vote de confiance par l’Assemblée Nationale (le 25 août dernier), le Cac 40 a reculé de 3 %, soit une baisse supérieure à celle de l’ensemble des indices européens. Ceci étant, nous n’avons pas assisté à une vente massive des actions françaises. Surtout que les difficultés politiques françaises ne sont pas nouvelles, n’engendrant pas de contagion financière au reste de la zone euro.
Hier, l’indice Cac 40 a gagné +0,78 %, tandis que sur le marché obligataire, la prime de risque de la dette française, le spread, recule par rapport aux obligations allemandes (77 points contre plus de 82 points à son dernier pic). Le rendement des obligations souveraines 10 ans (OAT) est à 3,4% ce matin alors qu’il était à 3,6% le 02/09/25.
En France, la continuité de l’État est assurée : la chute d’un gouvernement n’entraîne pas un vide de pouvoir. Le Trésor continue d’émettre sa dette, la politique monétaire reste pilotée par la BCE, et les règles budgétaires européennes encadrent l’action publique. Pour les investisseurs, la stabilité structurelle l’emporte sur l’instabilité conjoncturelle.
Outre la chute de François Bayrou, l’agence de notation Fitch doit décider, en fin de semaine, de la note de crédit de la France. Depuis octobre 2024, l’agence de notation maintient une perspective négative sur la dette française avec une notation à AA-. Fitch pourrait suspendre sa décision dans l’attente de plus de clarté, c’est ce qui est pricé par le marché, plutôt qu’une dégradation de la note.
La chute du gouvernement Bayrou n’est pas vue comme une menace systémique. Les marchés considèrent cela comme une péripétie politique, sans impact immédiat sur la solvabilité de l’État français. Les investisseurs détestent l’incertitude, mais une issue déjà intégrée dans les prix provoque peu de volatilité. La “nouvelle” n’est donc pas un choc, d’où un marché calme. Attention, tout cela pourrait changer, si Macron tarde à nommer un Premier ministre ou si une nouvelle dissolution de l’Assemblée était promulguée par le Président.