
Fidel Martin, Président d’Exoé
À Paris, nerveuse et sur la défensive, la Bourse a choisi ce mardi la prudence. En toile de fond, un signal inquiétant : le rendement de l’OAT (obligation d’État française) à 30 ans s’envole à un sommet inédit depuis plus de 16 ans.
Le CAC 40, stable en apparence autour de 7 709 points (+0,02 %), masque mal la fébrilité des marchés. Sous la surface, les tensions s’accumulent.
L’envolée des taux longs : un avertissement sévère
Ce bond du taux de l’OAT 30 ans n’a rien d’anodin. Il reflète la défiance croissante des investisseurs quant à la trajectoire budgétaire française. Plus les rendements grimpent, plus le coût de la dette publique s’alourdit. Et avec lui, la marge de manœuvre de l’État se rétrécit.
François Bayrou, Premier ministre, se trouve en première ligne à quelques jours d’un vote de confiance crucial, le 8 septembre. Mais dans un climat déjà fragile, la crédibilité financière du pays vacille.
Paris sous double pression : l’économie et la politique
La Bourse n’est pas seulement le miroir des marchés ; elle reflète aussi la solidité d’un État. Avec une dette publique au-delà de 113 % du PIB et un déficit avoisinant 5,8 %, la France affiche une vulnérabilité que ses voisins européens n’ignorent pas.
Cette équation budgétaire défavorable fragilise la position française, alors même que l’instabilité politique ajoute une dose supplémentaire d’incertitude.
Urgence à agir
La situation actuelle ne permet plus l’attentisme. Paris ne peut pas rester figée, suspendue à un CAC immobile. La volatilité n’est pas loin, et les investisseurs ne patienteront pas éternellement.
La France doit :
- Fixer un cap clair et crédible dans la gestion de ses finances publiques.
- Rassurer les marchés en transformant les promesses d’austérité en plan concret et mesurable.
- Retrouver la confiance des acteurs économiques – entreprises, investisseurs, citoyens – en affichant une trajectoire durable.
Pour conclure, derrière l’immobilisme apparent du CAC 40 se cache l’histoire d’une nation au bord de deux crises : l’une politique, l’autre financière. Le rendement à 30 ans sonne comme une alarme implacable.
Il faut que cet électrochoc suscite une réponse immédiate : agir avec détermination, transparence et cohérence. Faute de quoi, le silence prudent de la Bourse pourrait bientôt céder la place au vacarme d’une crise.