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Par Indosuez Wealth Management

Les pressions inflationnistes induites par le programme de la future administration Trump ne devraient pas remettre en cause l’assouplissement monétaire des grandes banques centrales (Fed et BCE). Dans ce contexte, les marchés actions continueront d’offrir des opportunités aux investisseurs malgré les valorisations élevées, à condition que ces derniers se montrent plus réactifs. Si les actions américaines restent incontournables, les marchés émergents asiatiques redeviennent également attractifs.

Le 20 janvier 2025, Donald Trump prendra possession du Bureau ovale à la Maison Blanche. Il dispose de l’appui de la Chambre des Représentants et du Sénat pour mettre en œuvre son programme alors que la conjoncture reste dynamique outre-Atlantique. L’an prochain, la première économie mondiale devrait ainsi continuer de creuser l’écart par rapport à l’Europe. « Nous attendons une croissance de 2,1% en 2025, un chiffre qui se situe déjà au-dessus du potentiel de l’économie américaine alors que les incertitudes relatives aux échanges commerciaux sont très fortes. L’Europe ne devrait croître que de 0,8% et nous avons révisé à la hausse nos prévisions pour la Chine, à 4,7% » annonce Benedicte Kukla, Senior Investment Strategist.

La politique tarifaire agressive des Etats-Unis envers les principaux pays exportateurs risque d’impacter négativement les chaînes d’approvisionnement globales. « Les pays asiatiques dépendront davantage de leur marché intérieur pour dynamiser leur croissance. C’est la stratégie initiée depuis une décennie par les autorités chinoises. Le programme de stimulus budgétaire annoncé en septembre et les mesures récentes de politique monétaire montrent la détermination des autorités chinoises à soutenir la croissance domestique » souligne Qian Su, Head of Asset Management Asia.

En théorie, l’élection de Donald Trump n’est pas non plus une bonne nouvelle pour les défenseurs de l’environnement et les promoteurs des énergies renouvelables. « Dans ce domaine, il faut néanmoins regarder les choses de façon pragmatique. Le plan de relance de l’administration Biden (Inflation Reduction Act) a initié un programme d’investissement de 200 Mds$ sur le sol américain. Or, les besoins gigantesques de production d’électricité (véhicules électriques, data centers, IA etc.) devraient pousser l’administration Trump à maintenir les aides massives en faveur des producteurs. L’influence d’Elon Musk auprès de Donald Trump devrait également plaider en ce sens » relève Nicolas Mougeot, Head of Investment Strategy & Sustainability.

L’an prochain, l’inflation devrait rester au-dessus de la cible d’inflation de 2% aux Etats-Unis (estimation de 2,2% vs. +1,7% en zone euro). Les mesures promises par Donald Trump (barrières douanières, limitation de l’immigration etc.) constituent des facteurs potentiellement inflationnistes. A ce titre, le taux du 10 ans américain (au-dessus des 4%) n’anticipe pas de baisse de l’inflation au cours des prochaines années. Pour autant, la politique de déréglementation et la priorité donnée aux énergies fossiles pourraient permettre de revoir à la baisse les prix de certains produits de consommation ainsi que des hydrocarbures.

Sur le plan de la politique monétaire, l’assouplissement monétaire est désormais bien engagé des deux côtés de l’Atlantique, malgré quelques atermoiements. « L’an prochain, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait aller à un rythme un peu plus rapide que celui de la Réserve Fédérale (Fed), vers un taux de dépôt de 2%, qu’elle atteindrait à la mi-2025. La prise de conscience du ralentissement économique en Europe pourrait même pousser la BCE à aller un peu plus bas alors que nous estimons le taux neutre à 0,5% en zone euro (vs. 1,5% aux Etats-Unis) » précise Alexandre Drabowicz, Chief Investment Officer.

Continuer d’investir sur les « Sept Magnifiques » mais élargir son horizon d’investissement aux autres valeurs du S&P 500

En attendant, l’économie américaine poursuit sa vitesse de croisière sans le moindre atterrissage en douceur en vue. La hausse des indices boursiers ne doit pas masquer une extrême concentration de la performance mais aussi des bénéfices et des flux. « Environ 50% de la performance de l’indice S&P 500 est venue des « Sept Magnifiques » au cours des trois dernières années. En 2025, nous souhaiterions rester investis sur l’intelligence artificielle qui constitue une tendance majeure mais il est nécessaire d’élargir son exposition aux 493 autres valeurs du S&P 500 qui affichent une décote attractive et des perspectives de croissance de leurs bénéfices intéressantes. Dans un monde en transformation, il est temps de repenser la construction des portefeuilles en s’intéressant aux segments des petites et moyennes capitalisations américaines. La baisse des taux va stimuler leur activité, soutenue également par les prévisions de dérégulation et les baisses de taxe annoncées par l’administration Trump » estime Stavya Epstein, Multi Asset Portfolio Manager.

« En Chine, le programme de relance devrait également contribuer à stabiliser les marchés financiers et rassurer les investisseurs étrangers. Le rally récent des actions chinoises est encourageant alors que les valorisations restent attractives pour une allocation à moyen-long terme » relève Qian Su. En Europe, le déficit d’investissement public et le manque de productivité continuent de pénaliser les valeurs du Vieux Continent par rapport à leurs concurrentes américains. « Le manque de confiance des investisseurs en 2024 est particulièrement frappant au regard de la contre-performance du Cac 40 alors que d’autres places boursières européennes ont plutôt bien résisté. Nous ne pensons pas pour autant que les investisseurs doivent déserter l’Europe mais ils ont intérêt à diversifier leur allocation sectorielle. Il peut être opportun de s’intéresser aux secteurs qui vont profiter de la baisse des taux comme celui, par exemple, des foncières cotées » précise Stavya Epstein.

Du côté des marchés obligataires, la moindre rémunération des actif monétaires devrait entraîner un repositionnement des allocations qui profitera aux autres compartiments du marché du crédit. « Notre priorité sera d’aller chercher des obligations d’Etat de maturité courte et des obligations d’entreprise à haut rendement (High Yield) aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Le taux de rendement global des obligations reste attractif, à des niveaux moyens de 5% en Europe et 7% aux Etats-Unis dans un contexte où le taux de défaut des émetteurs demeure particulièrement faible, autour de 3% » rappelle Stavya Epstein.

En outre, le contexte plaide en faveur d’une plus grande diversification des portefeuilles. « Porté par les achats des banques centrales et les tensions géopolitiques, l’or bénéficie de facteurs de soutien structurels qui vont perdurer en 2025, d’autant que les épargnants et les investisseurs apprécient le caractère tangible du métal jaune. De même, le niveau de l’euro-dollar nous semble justifié par l’écart des fondamentaux économiques entre les deux zones » assure Benedicte Kukla. Enfin, les marchés privés devraient profiter de la reprise des fusions & acquisitions et offriront des opportunités aux investisseurs.

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