Sun. Dec 22nd, 2024

Par Lazard Frères Gestion

ÉTATS-UNIS

La croissance américaine se stabilise et la reprise du marché de l’immobilier se confirme. Malgré un ralentissement dans le secteur manufacturier, le marché du travail reste bien orienté. La Fed adopte maintenant une position attentiste et n’envisage plus de baisse des taux à court terme.

ZONE EURO

La croissance dans la zone euro reste médiocre et les enquêtes PMI demeurent sur des niveaux bas. On observe toutefois un léger rebond dans le secteur manufacturier, notamment en Allemagne. L’amélioration des perspectives sur le Brexit et la probabilité grandissante d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine pourrait renforcer ce mouvement.

CHINE

Les dernières statistiques indiquent une poursuite du ralentissement de la croissance au début du quatrième trimestre et les enquêtes de confiance sont mitigées. Dans ce contexte, le gouvernement et la banque centrale ont renforcé leurs mesures de soutien à l’activité.

 

ZONE EURO

LUEUR D’ESPOIR AU NIVEAU DE L’INDUSTRIE

La croissance dans la zone euro est quasi stable au troisième
trimestre, affichant +0,9% en rythme annualisé contre +0,8%
au deuxième trimestre. Par pays, la croissance a rebondi de –
1,0% à +0,3% en Allemagne et de +1,5% à +1,8% en
Espagne. Elle s’est stabilisée à +0,3% en Italie et a ralenti de
+1,4% à +1,0% en France. Le détail des différents postes de
la demande sera publié le 5 décembre.
Les enquêtes PMI1 de novembre sont ressorties en dessous
des attentes, le PMI composite de la zone euro se repliant de
50,6 à 50,3 alors que le consensus prévoyait une nouvelle
amélioration. Ce repli intervient malgré une amélioration des
PMI composites en Allemagne (+0,3 point à 49,2) et en
France (+0,1 point à 52,7), et implique une dégradation des
PMI dans le reste de la zone euro.
La déception porte surtout sur le secteur des services où le
PMI a baissé de 0,7 point à 51,5. A l’inverse, les enquêtes
PMI du secteur manufacturier ont apporté de bonnes
surprises. Dans la zone euro, le PMI manufacturier s’est
amélioré pour le deuxième mois d’affilée pour atteindre 46,6,
après 45,9 en octobre, mais son niveau reste très bas.
Le PMI manufacturier allemand rebondit également.
Toutefois, à 43,8, il demeure lui aussi nettement en territoire
de contraction. La publication des données de septembre sur
les commandes de biens manufacturés envoie un message un
peu plus favorable. Elles progressent de 1,3% sur le mois, et
même de 1,5% hors éléments volatils, cette dernière mesure
s’étant stabilisée sur les mois précédents à des niveaux qui
prévalaient en 2015-2016. L’amélioration des perspectives sur
le Brexit, avec une moindre probabilité de sortie sans accord
et sur la guerre commerciale, avec la probabilité grandissante
d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine, pourrait
renforcer ce mouvement.Dans le reste de la zone euro, les élections législatives en
Espagne n’ont pas débouché sur une majorité claire. Le Parti
socialiste (PSOE) et la gauche radicale (Podemos) se sont
entendus pour tenter de constituer un gouvernement, mais
celui-ci devra encore remporter une majorité simple lors d’un
vote de confiance. Si ce gouvernement est confirmé, il faudra
probablement s’attendre à une remise en cause des réformes
faites par le passé et une augmentation de la dépense
publique, sans doute accompagnée d’une hausse des impôts.
Dominé par le PSOE, le gouvernement devrait cependant
maintenir une bonne relation avec la Commission
Européenne2. Si cette alliance pour former un gouvernement
pérenne échoue, de nouvelles élections sont probables.

 

ÉTATS-UNIS

CROISSANCE MODÉRÉE ET PAUSE DE LA FED

La croissance américaine a été quasi stable au troisième
trimestre, passant de +2,0% au deuxième trimestre à +1,9%
en rythme annualisé. La consommation privée reste le
premier moteur de la croissance. Viennent ensuite la dépense
publique et l’investissement résidentiel, ce dernier étant
positif pour la première fois depuis six trimestres. Toutefois,
l’investissement des entreprises a diminué pour le deuxième
trimestre consécutif et cette baisse s’est accélérée. L’impact
sur la croissance du commerce extérieur et de la variation des
stocks est légèrement négatif.
Les statistiques pour le début du quatrième trimestre sont
mitigées. Les chiffres de ventes au détail et de permis de
construire pour octobre décrivent une consommation plutôt
bien orientée ainsi qu’une poursuite de l’amélioration dans le
secteur immobilier. En revanche, la conjoncture est moins
favorable dans le secteur manufacturier, avec une baisse de la
production manufacturière qui s’accentue en octobre (-0,7%
après -0,5%). Cette faiblesse s’explique en partie par la baisse
de la production automobile, liée à des grèves, mais la
production manufacturière hors automobile baisse aussi et
l’ISM1 manufacturier demeure sur un niveau faible, à 48,3 en
octobre contre 47,8 en septembre. On observe toutefois une
divergence entre l’ISM et le PMI2 manufacturier, ce dernier
s’améliorant depuis trois mois pour atteindre 52,2 en
estimation préliminaire pour novembre.
En dépit du ralentissement dans le secteur manufacturier, le
rapport sur l’emploi d’octobre montre un marché du travail
toujours bien orienté. Les créations d’emplois du secteur
privé ont ralenti à 131 000 mais les deux mois précédents ont
été révisés en nette hausse. Ce chiffre a été pénalisé par les
grèves chez General Motors, les salariés non payés lors de la
période de référence n’étant pas comptabilisés dans les
statistiques. Le taux de chômage est remonté de 3,5% à 3,6%, du fait de
l’augmentation du taux de participation, et la variation du
salaire horaire global reste stable à +3,0% sur un an.
A l’issue de sa réunion d’octobre, la Réserve Fédérale a sans
surprise baissé son taux directeur pour la troisième fois cette
année, le portant dans la fourchette de 1,50%-1,75%. Lors de
sa conférence de presse, Jerome Powell a déclaré que le taux
directeur était désormais au bon niveau et qu’il devrait le
rester tant que les nouvelles informations demeureront
cohérentes avec une croissance modérée, un marché du
travail vigoureux et une inflation proche de son objectif de
2%. Autrement dit, la Fed adopte maintenant une position
attentiste et n’envisage plus de baisses des taux à court terme.

 

CHINE

RENFORCEMENT DES MESURES DE SOUTIEN FACE AU RALENTISSEMENT DE
LA CROISSANCE

 

Après un net rebond en septembre, les statistiques d’activité
sont reparties à la baisse en octobre. En glissement annuel, la
production industrielle a ralenti de +5,8% à +4,7%, les
ventes au détail de +7,8% à +7,2% et l’investissement de
+4,7% à +3,4%. La faiblesse de la demande domestique
s’explique notamment par une poursuite du ralentissement
des ventes de voitures et une décélération de l’investissement
en infrastructure. A l’inverse, l’investissement dans le secteur
manufacturier remonte un peu.
Les statistiques du commerce extérieur d’octobre montrent
une moindre contraction des exportations (-0,9% après ——-
-3,2%, sur un an) et des importations (-6,4% après -8,3%, sur
un an). On observe notamment une moindre contraction des
exportations à destination des États-Unis (-16,2% après ——
-21,9%, sur un an) qui pourrait être liée à la décision du
gouvernement américain de suspendre le relèvement prévu
des droits de douane à partir du 15 octobre.
Les enquêtes PMI1 du secteur manufacturier ont envoyé des
signaux contradictoires en octobre. Le PMI manufacturier
officiel a baissé de 49,8 à 48,3, pour atteindre son plus bas
niveau depuis février 2019, tandis que le PMI manufacturier
de Caixin2 a augmenté de 51,4 à 51,7, un plus haut depuis
décembre 2016.
La divergence entre ces deux enquêtes pourrait s’expliquer
par le fait que le PMI de Caixin est davantage tourné vers les
PME3 exportatrices du secteur privé alors que le PMI officiel
donne un poids plus important aux grandes entreprises, plus
exposées à la conjoncture nationale. Ainsi, il est possible que
le PMI de Caixin ait été plus sensible à la trêve commerciale
que le PMI officiel. L’inflation a continué à accélérer en octobre pour s’établir à
+3,8% sur un an, contre +3,0% en septembre, l’accélération
s’expliquant principalement par le prix du porc, qui a plus que
doublé sur un an. L’inflation sous-jacente est stable à +1,5%
sur un an.
Pour aider la croissance, le gouvernement a annoncé un
soutien supplémentaire à l’investissement en infrastructures,
en assouplissant les exigences en capital pour certaines
catégories de projets. Pour sa part, la banque centrale a de
nouveau assoupli sa politique monétaire. Pour la première
fois depuis 2016, elle a baissé son taux de prêt à moyen
terme, de 3,30% à 3,25%, celui-ci constituant le nouveau taux
de référence depuis la réforme des taux d’intérêt de cet été.
Elle a également baissé pour la première fois depuis octobre
2015 le taux des prises en pension4 à une semaine, de 2,55%
à 2,50%.

 

 

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