La production manufacturière française a progressé en août, tirée par la hausse du secteur du matériel de transport. Les perspectives sont au mieux ambiguës pour les mois à venir, les facteurs positifs étant largement contrebalancés par des évolutions plus moroses.
■ L’indice de production industrielle a dépassé en août sa moyenne de long terme. Le secteur du matériel de transport, quoiqu’encore sinistré, a retrouvé quelques couleurs. Le niveau de production est cependant toujours nettement inférieur au plus haut atteint début 2008.
🢩 La forte progression de 2,7 % de l’indice de production manufacturière en août 2022 marque un rebond après la baisse de juillet. Le matériel de transport enregistre notamment une progression marquée (+ 6,9%), mais les volumes de production y sont toujours nettement inférieurs à ce qu’ils étaient avant la crise sanitaire. Les autres secteurs manufacturiers ont connu des hausses de production plus modérées en août, à l’exception de l’industrie agro alimentaire dont l’indice de production a stagné.
🢩 La production manufacturière, à 101,4 en août, est supérieure à sa moyenne de long terme de 100 et marque un plus haut depuis février 2020 (début de la crise sanitaire). En revanche, la production manufacturière reste nettement en-dessous de ses plus hauts historiques : elle est inférieure de 12 % par rapport à début 2008. Comparé à janvier 2000, soit il y a plus de 20 ans, la production manufacturière française est en repli de 11 %.
■ La production manufacturière devrait rester au mieux atone dans les mois à venir, les évolutions positives étant largement compensées par les obstacles à un rebond durable de l’activité.
🢩 Certaines contraintes qui pesaient sur l’industrie semblent s’alléger. Les prix d’un grand nombre de matières premières et de services qui avaient pénalisé l’industrie sont globalement repartis à la baisse, comme par exemple le pétrole, les matières premières agricoles ou le transport maritime. Les difficultés d’approvisionnement, encore présentes, s’atténuent sensiblement, comme l’indique la baisse de l’indice de la pression sur les chaines de valeur de la Fed de New York1. Enfin la dépréciation de l’euro par rapport au dollar, si elle présente l’inconvénient d’attiser l’inflation, permet à l’industrie européenne de gagner en compétitivité.
🢩 Les vents contraires, nombreux, laissent cependant présager une contraction de la production manufacturière française. Le prix du gaz, qui se répercute sur l’électricité, reste écrasant pour l’industrie. En moyenne, les prix de production dans l’industrie ont bondi de 25 % sur un an. Avec le ralentissement ou l’arrêt de production de certaines usines devenues non-rentables (chimie, matériaux de construction) le risque existe d’une rupture des chaines d’approvisionnement. Les difficultés de recrutement pèsent également toujours sur les industries qui voudraient se développer malgré les coûts de production élevés. Enfin, côté demande, les pertes de pouvoir d’achat des consommateurs, notamment européens, du fait de l’inflation qui a atteint 10 % en zone euro pèseront sur les dépenses des ménages.