Thu. Nov 21st, 2024
Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Le principal indice américain continue d’évoluer proche de son sommet historique mais les discours plus prudents de nombreux banquiers centraux sur le rythme des baisses de taux le font hésiter.
Le VIX (indice de volatilité du SP500) a refait une incursion au-dessus de 15 pour la première fois depuis début novembre. Une volatilité de 15 n’est pas, dans l’absolu, un niveau très élevé de nervosité mais comme le VIX était retombé sous 12 en décembre, son plus bas niveau depuis janvier 2020 c’est-à-dire la période d’avant Covid, ce petit rebond et ce «plus haut» de deux mois peut traduire un besoin de couverture de la part de certains investisseurs.
Pourquoi? Parce-que depuis quelques jours les déclarations de banquiers centraux se succèdent, de part et d’autre de l’Atlantique, pour repousser un peu les anticipations de marché sur la date de la première baisse de taux et sur le rythme de ce prochain cycle de baisse de taux. La forte détente des taux obligataires qui s’était mise en place à partir de fin octobre semble avoir mis mal certains membres de la BCE et de la Fed qui craignent que cette détente de taux, et plus généralement des conditions financières, ne freine le retour de l’inflation vers l’objectif de 2%.
Christine Lagarde elle-même estime que l’optimisme excessif des marchés peut entraver la lutte pour ramener l’inflation à son objectif. Son confrère de la BCE, Klaas Knot, certes un faucon, n’y est pas allé par quatre chemins: pour lui, plus le marché (obligataire) se détend, moins les baisses de taux seront probables.
Certains membres de la Fed se font également entendre sur la question du rythme des baisses de taux. Il y a deux jours, Christopher Waller estimait qu’avec une activité économique et un marché de l’emploi en bonne forme, ainsi qu’une inflation qui descend graduellement à 2%, il n’y avait aucune raison d’agir aussi vite ou de baisser les taux aussi rapidement que par le passé.
Toutes ces petites phrases ont fait mouche et le marché obligataire a réagi aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis: le taux 10 ans américain est revenu hier à 4.13%, son plus haut niveau mi-décembre, effaçant ainsi toute la détente générée par le discours plutôt souple de Jerome Powell lors de la dernière réunion de la Fed…au-delà du niveau des taux, c’est aussi un symbole important. Une façon pour le marché de juger que le président de la Fed avait peut-être été plus accommodant que nécessaire lors de cette réunion…
Les probabilités de baisse de taux (via les Futures Fed Funds) pour la réunion de mars ont nettement régressé: elles sont passées de plus de 90% fin décembre à «seulement» 57% hier après-midi.
Dans ce contexte, le SP500 est tout de même résilient et évolue seulement quelques dizaines de points sous son sommet historique. Mais la double accélération haussière de décembre et janvier avec à chaque fois un échec dans la zone des 4800 points peut laisser la porte ouverte à un «double top», une figure technique qui traduit une forme d’essoufflement et un besoin de corriger, l’objectif de cette configuration étant la projection baissière de la hauteur de ce double sommet.
Ce qui donnerait comme objectif théorique un retour à 4540 points environ, zone où passe également l’oblique des sommets de janvier 2022 et juillet 2023, soit une baisse d’un peu plus de 4% par rapport aux niveaux actuels.

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