Par Svein Aage Aanes, Responsable des revenus obligataires chez DNB Asset Management
Après la baisse récente des taux directeurs de la BCE pour la deuxième fois depuis juin et l’amorce d’un changement de cap par la FED, les marchés s’attendent à une série d’autres baisses de taux. Mais comme celles-ci n’intègrent pas encore un atterrissage brutal ou une récession dans laquelle les banques centrales devraient entamer une politique monétaire expansive, les obligations constituent une alternative d’investissement intéressante aux actions.
La région scandinave, en particulier, est très attractive en ce moment. La Norvège et la Suède font partie, avec les États-Unis, des pays qui ont connu la plus forte croissance du PIB au cours des 30 dernières années. Avec la Finlande et le Danemark, la région est la dixième plus grande économie du monde. Outre sa grande transparence et sa faible corruption, elle se caractérise par un cadre juridique et institutionnel stable et un faible endettement public, ce qui la rend très intéressante pour les investisseurs. Si l’on regroupe les pays nordiques et que l’on considère la composition sectorielle des marchés Investment Grade et High Yield, ceux-ci ne se distinguent pas beaucoup du benchmark mondial. Cette forte diversification sectorielle peut donc réduire le risque de défaut.
Evolution positive du secteur high yield jusqu’à présent au cours de l’année
Les obligations nordiques à haut rendement ont connu une bonne évolution jusqu’à présent au cours de l’année. Nous continuons à considérer ce segment comme positif. Dans l’environnement de marché actuel, les titres scandinaves à haut rendement bénéficient de spreads de crédit attrayants, supérieurs de 150 points de base à ceux du marché européen du haut rendement au sens large. Le high yield nordique se caractérise en outre par un nombre élevé de floating rate notes, principalement cotées en NOK, SEK, EUR et USD. Cela permet de construire un portefeuille avec une faible duration effective.
La région nordique, avec le marché norvégien en tête, affiche déjà une bien meilleure performance que le marché européen, par exemple, en termes de volume d’émission pour la période allant jusqu’à fin 2023. Le marché obligataire nordique a connu une forte croissance au cours des dernières années et représente actuellement un volume de plus de 2 milliards d’euros. En ce qui concerne le nombre de nouvelles émissions d’obligations d’entreprises, la Suède s’est particulièrement distinguée cette année. Depuis la forte hausse des taux d’intérêt en 2022, la Suède a toutefois connu quelques défis pour le marché obligataire dans le secteur immobilier, qui est très grand contrairement à la Norvège. Mais entre-temps, l’activité d’émission s’est redressée dans tous les secteurs.
Le principal risque – tant pour les marchés d’actions que pour les marchés obligataires – est un ralentissement de la croissance qui pourrait se transformer en récession. Les élections présidentielles aux États-Unis constituent notamment un facteur d’incertitude. Les déclarations du camp Trump sur les droits de douane pourraient justement représenter un risque de hausse des taux d’intérêt ou du moins une impulsion inflationniste qui pourrait ralentir les baisses de taux. D’un autre côté, elles pourraient avoir un impact légèrement négatif sur les perspectives de croissance à plus long terme et entraîner une baisse des taux d’intérêt réels. L’évolution macroéconomique des prochains mois sera déterminante pour savoir si les marchés ont sous-estimé ou surestimé le ralentissement économique, en particulier aux États-Unis.
Immobilier: les obligations à haut rendement ont du potentiel
Toutefois, la géopolitique n’a généralement pas une grande influence sur les pays nordiques et nous pensons que les taux d’intérêt vont continuer à baisser dans ces pays. La Riksbank suédoise a déjà baissé son taux directeur à deux reprises cette année, d’un demi-point de pourcentage au total, et a signalé deux à trois autres baisses de taux d’ici la fin de l’année. La banque centrale norvégienne prévoit pour sa part une première baisse en mars 2025, tandis que le marché des devises s’attend à une baisse des taux dès décembre.
Dans le même temps, les perspectives de risque de taux et de duration sont légèrement positives pour les six à douze prochains mois. Cela confère un potentiel aux obligations à haut rendement du secteur immobilier en particulier, d’autant plus que les spreads y sont encore élevés. Dans l’ensemble, les perspectives pour la région nordique sont prometteuses dans le contexte actuel, caractérisé par un ralentissement contrôlé de la croissance et une baisse des taux d’intérêt.