Thu. Dec 12th, 2024

Les conflits commerciaux entre les États-Unis et la Chine sont symptomatiques d’une confrontation plus profonde qui s’explique fondamentalement par la technologie, affirment Richard Clode, Alison Porter et Graeme Clark, gérants du fonds Janus Henderson Horizon Global Technology.

Le dénouement des tensions et l’évolution des taux devraient influer sur les actions technologiques en 2019.

Les avantages de la réforme fiscale américaine ont été un fait marquant en 2018. Les élections de mi-mandat désormais derrière nous, avec pour conséquence une Chambre des représentants et un Sénat divisés, gênant la mise en œuvre de la politique intérieure de Trump, les marchés devraient maintenant se focaliser sur les signaux éventuels d’une récession mondiale, l’orientation de la courbe des taux et la géopolitique.

Même si les marchés semblent se focaliser sur les conflits commerciaux, nous considérons ceux-ci comme un simple symptôme d’un problème plus fondamental. Nous estimons que les tensions croissantes entre les superpuissances mondiales actuelles, les États-Unis et la Chine, sont beaucoup plus larges, et s’expliquent fondamentalement par la technologie et le contrôle de la propriété intellectuelle.

Alors que nous approchons d’un point d’inflexion en matière d’intelligence artificielle, la technologie et la sécurité nationale sont de plus en plus imbriquées. Pour nous, le désir de Trump de protéger la propriété intellectuelle de la technologie américaine est l’un des piliers de sa politique actuelle, qui se traduit non seulement sous forme de droits de douane, mais aussi de contrôles plus stricts sur les exportations et les transferts en matière de propriété intellectuelle.

D’autre part, pour exactement les mêmes raisons, le développement de son industrie technologique intérieure est une partie essentielle des objectifs de la Chine pour 2025. Nous ne pensons donc pas qu’une résolution de ces tensions soit probable à court terme. Cette escalade des tensions crée des risques, en particulier pour un secteur comme la technologie dont la chaîne d’approvisionnement est mondiale, même si sa taille et sa maturité le rendent bien plus flexible que par le passé.

Les rendements des bons du Trésor américain ont brutalement augmenté en septembre 2018 : le taux des obligations à 10 ans a atteint son plus haut niveau en sept ans, sortant de la fourchette au sein de laquelle il s’était négocié pendant la majeure partie de l’année. Cela a finalement fait pression sur les actions à duration élevée et aux valorisations extrêmes, notamment des valeurs technologiques dont la performance avait été bonne durant la plus grande partie de l’année, puisqu’elles étaient relativement peu touchées par l’escalade des tensions commerciales.

Nous sommes maintenant dans une impasse, puisque la valorisation de ces actions demeure élevée malgré la correction, mais que nous n’avons pas encore assisté à une rotation significative durable, prévue depuis longtemps, des valeurs de croissance aux valeurs décotées (ou « value »), étant donné les tensions commerciales cycliques et les pressions liées au ralentissement de la croissance chinoise. Alors que nous approchons de 2019, la façon dont nous sortirons de cette impasse sera la clé de la direction des marchés et sera déterminée par l’orientation de la courbe des taux et l’impact de la relance chinoise à partir de fin 2018.

 

Risques et opportunités au sein des actions « tech »

La part de la technologie dans l’économie mondiale devrait continuer d’augmenter en 2019 : plus de la moitié de la population mondiale est connectée à internet, partout dans le monde et à tout moment via les smartphones. L’infrastructure cloud permet aux entreprises de se développer à moindre coût et plus rapidement que jamais. Le développement de l’intelligence artificielle devrait favoriser la prochaine vague de perturbations.

Les prévisions selon lesquelles la technologie perturbera de nouveaux secteurs, devraient être encore validées en 2019. Le lancement d’une plateforme commerciale de taxis autonomes par Waymo aux États-Unis, et l’introduction en bourse de la licorne Ant Financial à la valorisation la plus élevée du monde, après avoir profondément perturbé les services financiers chinois, en sont des exemples. De plus, on assiste déjà à la cinquième vague d’investissements dans la 5G, qui s’accélérera en 2019, permettant le développement de l’Internet des objets (« IoT ») au cours de la prochaine décennie.

Nous continuerons à offrir à nos clients une exposition à ces thèmes de croissance prometteurs, mais tempérée par notre philosophie d’investissement de négociation du « cycle du hype » exclusive, basée sur une discipline quant aux valorisations et une sensibilisation au risque visant à réduire la volatilité des rendements. Les taux d’intérêt se normalisant enfin après près d’une décennie d’assouplissement quantitatif (QE), nous sommes convaincus que notre discipline sera encore plus pertinente à l’avenir.

À l’approche de 2019, alors que les nombreuses tendances de croissance séculaires de la technologie demeurent intactes et dans certains cas s’accélèrent, nous assistons à une modération naturelle dans certains domaines. Les dépenses en capital dans le cloud évolutif ont été exceptionnelles en 2018 et devraient marquer le pas en 2019, même si le dynamisme du cloud persistera. Le soutien de la réforme fiscale américaine a permis d’importantes dépenses informatiques dans les entreprises pour la première fois en dix ans, ce qui a bénéficié à des domaines de la technologie plus matures, comme les ordinateurs, les serveurs et les réseaux. Nous prévoyons un ralentissement naturel dans ces domaines en 2019.

La réglementation continuera à freiner l’évolution du secteur de la technologie, mais la mise en œuvre historique du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en mai 2018 offre un cadre permettant d’évaluer le risque réglementaire et facilite sa gestion selon nous.

 

Quelles perspectives pour 2019 ?

En 2018, nous avons assisté à un élargissement de la différence de performances entre les segments croissance et valeur (« value »), même au sein du secteur de la technologie, générant le plus grand écart de performances entre ces deux styles d’investissements en plus d’une décennie. La disponibilité d’argent bon marché et les inquiétudes cycliques croissantes liées au ralentissement de la Chine et à l’escalade des tensions commerciales ont conduit les investisseurs à trouver refuge dans un groupe toujours plus restreint d’entreprises, principalement centré sur le marché intérieur américain en croissance des logiciels et d’Internet.

Les valorisations de ces entreprises ont peu compté. Il a fallu l’augmentation brutale des rendements des bons du Trésor américain de septembre pour finalement rappeler aux investisseurs que certaines de ces valorisations étaient extrêmes. Notre discipline de valorisation nous a empêchés d’acheter certaines de ces valeurs, même si nous continuons à détenir de nombreuses entreprises technologiques aux valorisations élevées. Bien que notre performance relative en ait souffert au cours des trois premiers trimestres de 2018, la sévère correction de ces actions aux valorisations extrêmes en octobre a validé notre approche de gestion et a renforcé notre détermination à ne pas nous laisser séduire par des segments étroits d’actions technologiques exagérément à la mode à l’approche de 2019.

 

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