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Trump 2.0 : Entre turbulences et opportunités dans un contexte géopolitique incertain.

Par Grégoire KOUNOWSKI – Investment Advisor chez Norman K

Les tensions commerciales relancées par l’administration Trump continuent d’exercer une pression significative sur les marchés financiers. L’intensification des mesures protectionnistes — notamment les droits de douane — a ravivé les craintes d’un ralentissement économique. À cela s’ajoutent les déclarations imprévisibles du président américain, qui nourrissent la volatilité et déstabilisent le sentiment des investisseurs. Début avril, cette nervosité s’est traduite par une forte correction : entre le 19 février et le 8 avril, les actions américaines ont perdu près de 20%, entraînant une baisse généralisée sur les principales places mondiales. L’indice VIX, indicateur de la volatilité, a franchi la barre des 55 lors de la semaine du 7 avril, signe d’une fébrilité extrême sur les marchés.


Le déclencheur d’un rebond rapide ? L’annonce, le 9 avril, d’une trêve commerciale de 90 jours. Le soulagement a été immédiat : le Nasdaq a bondi de plus de 9% en seulement trois jours, avec une progression spectaculaire le jour même de l’annonce. Malgré cette reprise, les investisseurs restent prudents, conscients que le contexte politique et économique mondial demeure instable.

Depuis le début de l’année, les actions européennes et chinoises ont surperformé leurs homologues américaines. L’Europe, en particulier, a profité du climat d’incertitude aux États-Unis. La Commission européenne a dévoilé un ambitieux plan d’investissement de 800 milliards d’euros pour renforcer les capacités de défense. Parallèlement, la Banque centrale européenne a apporté un soutien clair à une relance budgétaire, tout en procédant à trois baisses de taux depuis le début de l’année. D’autres assouplissements sont attendus, ce qui devrait bénéficier en particulier aux investisseurs exposés au marché obligataire. À ce stade, la BCE devance la FED dans le cycle de détente monétaire.


Aux États-Unis, la Fed est confrontée à un dilemme : une inflation encore élevée et des signes de ralentissement de l’activité. Jerôme Powell a récemment laissé entendre que les signaux de ralentissement économique prenaient désormais le pas sur les tensions inflationnistes dans les arbitrages de politique monétaire, sans exprimer de volonté claire de baisser les taux malgré la pression exercée par le président Trump.

Dans cet environnement volatil, notre positionnement reste neutre sur les actions, mais actif et sélectif. Certaines entreprises aux fondamentaux solides subissent des réactions de marché excessives à chaque nouvelle annonce politique — autant d’opportunités pour renforcer progressivement notre exposition via des investissements directs ou des indices. Cette approche vise à consolider stratégiquement nos portefeuilles, en misant sur des points d’entrée attractifs.
Nous voyons également un intérêt tactique à tirer parti de la volatilité. Les stratégies vendeuses de volatilité, notamment via les options, permettent de structurer des positions avec un couple rendement/risque intéressant. Ce type de stratégie permet de capter de la performance dans des phases de marché spécifiques, tout en maîtrisant l’exposition globale.

Côté génération de revenus, la perspective d’une baisse des taux continue de renforcer l’attractivité des obligations, des produits structurés et de la dette privée. Les rendements proposés restent compétitifs, notamment pour les émetteurs de qualité. Nous n’hésitons pas à prendre nos bénéfices sur certaines obligations ayant bien performé, afin de réallouer le capital vers des actions jugées porteuses. Ces arbitrages dynamiques permettent de capter des opportunités tout en s’adaptant à l’évolution du contexte de taux.


Le marché de la dette privée, notamment dans le financement immobilier, poursuit sa croissance. La baisse des taux attendue stimule l’activité aussi bien du côté des emprunteurs que des investisseurs. Ce segment offre une diversification bienvenue, particulièrement dans les stratégies alternatives. Nous continuons également à investir dans le pré-IPO, malgré les incertitudes géopolitiques qui incitent certains émetteurs à reporter leur introduction en bourse. Pour les portefeuilles à long terme, cette classe d’actifs reste une source précieuse de diversification.

En résumé, les marchés demeurent chahutés par un environnement macroéconomique et politique complexe. Néanmoins, des opportunités émergent dans plusieurs classes d’actifs. Plus que jamais, une gestion active, sélective et réactive est essentielle pour capter les gisements de performance tout en préservant la résilience des portefeuilles. La diversification reste notre boussole, tout comme notre capacité d’adaptation face à l’évolution rapide des marchés. Enfin, nous privilégions des investissements en direct afin de maîtriser les frais et préserver la performance. Nos arbitrages sont réalisés de manière tactique, au service d’une allocation stratégique de long terme.

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