Thu. Nov 21st, 2024

Par Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Certaines semaines sont plus importantes que d’autres sur les marchés et celle-ci en fait assurément partie.

Tout d’abord pour voir si la Fed ouvre la porte à une baisse de taux en mars car après la réunion de janvier il faudra attendre jusqu’au 20 mars pour la prochaine décision de politique monétaire.

Et le suspense est bien au rendez-vous car les anticipations de baisses de taux mesurées via les Futures sur les Fed Funds sont très équilibrées : au moment où ces lignes sont rédigées, les Futures anticipent 49.6% de chances pour une baisse de taux en mars et 50.4% pour un statu quo.

Il faut se rappeler que dans les jours qui ont suivi la dernière conférence de presse de Jerome Powell en décembre, les probabilités pour une première baisse de taux en mars ont dépassé 90%…avant de retomber à près de 40% courant janvier suite aux nombreux discours de membres de la Fed ou de la BCE indiquant que les marchés allaient trop vite dans leurs anticipations, que le combat contre l’inflation n’était pas encore gagné, et qu’il fallait plus de données économiques pour décider d’une baisse de taux.

Si on se fie aux propos de Raphael Bostic, habituelle « colombe » de la Reserve Fédérale, il n’anticipait pas de baisse de taux avant le troisième trimestre, avant de réviser un peu son horizon et d’expliquer   que si les données économiques le permettaient, cette première baisse pourrait intervenir plus tôt.

On peut légitimement considérer que s’il partait initialement sur une baisse de taux au troisième trimestre et qu’il révisait sa position, il ciblerait donc probablement le deuxième trimestre pour une premier mouvement de baisse mais pas le premier trimestre. On rappelle que Raphael Bostic est une « colombe », donc parler du troisième trimestre il y a quelques jours seulement pour finir avec une baisse de taux à la fin du premier trimestre serait un peu…surprenant.

Mais le ton globalement un peu moins agressif de Christine Lagarde la semaine dernière ainsi que d’autre « speakers » de la BCE mais aussi de la Fed ces derniers jours ont ravivé les espoirs d’une première baisse de taux en mars, de part et d’autre de l’Atlantique.

La mesure d’inflation préférée de la Fed, l’inflation « core PCE » est passée sous 3% ce qui alimente les espoirs du marché pour une baisse de taux en mars. Mais d’autre éléments, comme l’inflation « core CPI », représentant majoritairement l’inflation dans les services, ressort toujours à 3.9% et n’a réalisé que peu de progrès sur les derniers mois, passant seulement de 4.1% à 3.9% en 4 mois de temps.

Les données sur l’emploi américain restent solides ainsi que les données sur la consommation, ce qui plaident, là-aussi, plutôt pour une baisse de taux au second trimestre…

La semaine qui s’ouvre sera également la plus riche en termes de publications avec les résultats de nombreux géants de la tech américaine : Amazon, Alphabet, Apple, Microsoft et Meta. Et il n’y aura pas le droit à l’erreur car la saison de résultats est pour l’instant assez moyenne : les analystes anticipaient il y quelques mois un rebond de 8% des bénéfices du SP500 au quatrième trimestre…or pour l’instant, avant les publications des géants de la tech cette semaine, non seulement il n’y a pas de rebond des bénéfices mais ils s’affichent même en repli de…1.4%.

Ce qui crée un environnement de cherté où le SP500 se « paie » désormais 20 fois les bénéfices anticipés (ratio P/E forward) et ce, malgré un environnement où les taux restent élevés. Toute publication inférieure aux attentes d’un géant de la tech cette semaine entraînera probablement des prises de gain rapides sur les indices américains, pour détendre un peu les multiples de valorisation.

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