Sun. Dec 22nd, 2024

Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

Avec un rebond de 2.6% à l’ouverture après le premier tour des élections législatives, une partie du marché semble être partiellement « rassurée ».

Mais partiellement rassurée par quoi ? Probablement déjà par le fait que les chiffres sortis des urnes soient relativement en ligne avec les estimations des instituts de sondage. Il y a donc un effet un peu technique dans un premier temps, selon le schéma bien connu des investisseurs de «sell the rumor and buy the news ».

Probablement ensuite par le fait que, même si la probabilité d’une majorité absolue du Rassemblement National n’est pas complètement nulle à ce stade, les premières déclarations des différentes formations politique sur les possibles désistements et donc l’ouverture des tractations en vue du second tour vont rendre le scénario de la majorité absolue difficile.

Ces tractations permettront aussi probablement d’arrondir les angles sur les propositions politiques les plus radicales formulées pendant la campagne par certaines formations politiques, ces mesures radicales qui sont typiquement celles qui effraient les marchés.

La suspension de la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage par le Premier ministre est un signe politique visant à favoriser ces tractations d’entre deux tours.

La réaction des marchés financiers de matin est donc un mélange d’éléments techniques (comme les rachats de positions « short ») et un peu de « soulagement » politique.

Le gros marqueur de risque qu’est le « spread » OAT-Bund, s’est un peu resserré ce matin : il évoluait à 0.85% vendredi dans la journée contre 0.74% ce matin. Les secteurs qui avaient été les plus vendus dans les premiers jours suivants l’annonce de la dissolution, c’est-à-dire les valeurs bancaires et les « utilities » (services aux collectivités) sont ceux qui connaissent le plus fort rebond ce matin avec près de 5% de hausse. La volatilité des marchés actions européens qui évoluait à près de 19 en fin de semaine dernière se détend un peu à 16.9 dans les premières heures de cotation.

L’euro qui avait terminé la semaine à 1.0715$ rebondit un peu ce matin à 1.078$.

Il serait tout de même surprenant de voir un rallye très soutenu prendre forme cette semaine. Même si une forme de détente apparaît ce matin, l’incertitude du second tour restera présente toute la semaine ce qui devrait empêcher la volatilité de se détendre trop fortement et donc limiter le rebond des marchés actions.

D’un point de vue technique, la présence d’un gros « gap » (trou de cotation) formé ce matin sur le CAC40 peut également limiter les velléités haussières des acteurs de marché. Ce n’est pas toujours le cas mais certains gaps importants sont totalement ou partiellement comblés (c’est-à-dire que le marché fait marche arrière pour revenir dans la zone du gap) avant que la tendance haussière ne reprenne. Le degré élevé d’incertitude politique qui devrait encore régner cette semaine pourrait tout à fait alimenter ce genre de phénomène technique.

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