ACTION FUTURE 27 – Économie
Jean-Luc Jancel – Bourse Direct
La grave crise qui secoue les marchés depuis quelques mois soulève de très nombreuses questions, notamment sur les causes qui ont conduit à ce choc que peu d’experts avaient pourtant anticipé.
Les origines macroéconomiques : où l’on reparle de Monsieur Greenspan
La FED et la bulle internet :
Tous les boursiers se rappellent de l’éclatement, en 2001, de la bulle Internet, due principalement à une confusion entre la génération de profits et celle d’une clientèle non rentable, et aggravée par le choc du 11 septembre. Elle avait entraîné un coup de frein brutal de la croissance aux États-Unis. La Federal Reserve, présidée par Alan Greenspan, avait alors baissé son taux directeur de 6,5% à 1,75% de janvier à décembre 2001, puis à 1% en juin 2003, niveau de taux le plus bas depuis 1958 ! L’intention était de procéder à une forte injection de liquidités pour éviter tout risque de récession en dopant la croissance.
Les conséquences de la politique de la FED :
Mais cette politique « accommodante » brutale devait dans la pratique permettre un relâchement total du crédit et donc, au-delà de l’intention initiale, encourager la spéculation sur l’immobilier et les actifs à risques, telles les opérations sur base de “carry trades”.
Le coût très bas du crédit hypothécaire qui en a résulté a directement nourri un boom immobilier qui est progressivement devenu spéculatif et a développé chez tous les acteurs économiques, particuliers comme institutionnels, l’attrait de l’argent facile.
Financement du logement & de la consommation aux USA :
Les « mortgage loans ».
Comme dans la plupart des marchés développés, le système bancaire américain finance le logement sur la base de garantie hypothécaire : le bien financé permet à l’établissement bancaire ou à l’organisme prêteur de se rembourser si l’emprunteur venait à faire défaut : le désormais célèbre « mortgage loan ». Le prêteur demeure de surcroît propriétaire du logement financé jusqu’à l’expiration de la créance ce qui permet une action rapide pour faire libérer les lieux et procéder à la vente.
Mais les pratiques aux États-Unis diffèrent sur un premier critère essentiel : alors que nous sommes coutumiers d’une approche liée à la capacité de remboursement mensuelle, les préteurs aux États-Unis se réfèrent à la valeur du bien financé et à sa valeur future projetée en fonction de la croissance connue des prix de l’immobilier. La banque pourra ainsi prêter 100% de la valeur du bien puisque son prêt, quel que soit le montant remboursé par l’emprunteur, sera toujours inférieur à la valeur de revente du bien et de pénalités éventuelles.
Elles diffèrent sur un second critère important : les prêts hypothécaires sont souvent montés à taux variable (ARM : adjustable rate mortgage), classiquement sur un taux de référence plus une marge. Cette politique commerciale permet d’attirer les emprunteurs, notamment en période de taux bas.
Elles diffèrent enfin sur un dernier facteur, celui de la marge qui peut varier en fonction de différents para- mètres tels la valeur du bien ou la situation financière de l’emprunteur.
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