Energie-pétrole

La perspective d’une trêve au Moyen-Orient oriente fortement le marché de l’énergie­ à la baisse

Par Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY

Macroéconomie: un vent d’optimisme souffle à nouveau sur les marchés financiers en raison d’une trêve qui semble tenir entre l’Iran et Israël, et qui a provoqué la chute du prix des matières premières énergétiques. Depuis le 1er janvier 2025, l’or est monté de 25%, le bitcoin de 16%, l’Euro Stoxx 600 de 6,9% et les actions américaines de près de 5%. En dépit de nombreux événements géopolitiques majeurs, rien ne semble pouvoir durablement détourner les marchés financiers de leur ascension vers de nouveaux records. La perspective d’accords commerciaux bilatéraux entre les Etats-Unis et ses partenaires maintient également ces perspectives favorables.

Géopolitique : après les salves de missiles, de drones et la participation surprise des américains au conflit israélo-iranien, un semblant de paix semble avoir été trouvé entre les différentes parties. L’apaisement des tensions était loin d’être évident, alors même que les Etats-Unis ont fait usage des plus grosses bombes non nucléaires, les GBU-57, afin d’atteindre en profondeur les capacités de raffinage et de centrifugeage de l’uranium iranien, tandis que le régime des mollahs a tiré des missiles en direction d’une base américaine située au Qatar et a indiqué son souhait de sortir d’un traité de non prolifération des armes nucléaires. Tout semble pour le moment à peu près rentré dans l’ordre, bien qu’il soit trop tôt pour parler de paix durable et de stabilité dans cette région. 

Gaz naturel: -11,4 % sur les prix pour 2026 et -19,2 % pour les prix de juillet 2025. 

Le prix du gaz a connu une énorme correction la semaine passée alors même que les prix ont dépassé les 40 €/MWh en raison de l’escalade au Moyen-Orient. Les prix sont allés tout aussi vite vers le bas après l’arrêt des combats, faisant complètement disparaître le premium géopolitique et en revenant à un niveau reflétant les fondamentaux du secteur. 

Les flux restent élevés en provenance de Norvège, à plus de 300 millions de m3/jour et il en est de même pour le GNL, avec 4 TWh/j récéptionnés actuellement. La consommation reste assez faible malgré des vagues de chaleur importantes en Europe, ce qui permet de plutôt bien remplir les stocks. Ceux-ci sont actuellement remplis à 58% à la fin du mois de juin et parviennent à rattraper peu à peu leur retard par rapport à l’année dernière. L’Europe se doit de continuer à acheminer beaucoup de GNL pour maintenir ce rythme d’injection tout au long de l’été.

Électricité :-5,9 % sur les prix pour 2026 et -4,8 % pour les prix de juillet 2025. 

Le prix de l’électricité a également baissé, mais de manière moins spectaculaire que pour le gaz ou le pétrole. Cela fait sens, étant donné qu’ils avaient monté de manière plus douce en France, le pays étant moins exposé aux aléas sur les matières premières fossiles grâce à son mix électrique très décarboné. 

A court terme, la demande devrait rester plus importante en raison des fortes chaleurs et du besoin en refroidissement pour contrer les effets de cette météo. La production éolienne sera impactée à la baisse mais le solaire devrait faire feu de tout bois en Europe.

A plus long terme, la corrosion sous contrainte sur un réacteur de la centrale de Civaux ne semble plus jouer sur les prix. Ces derniers se rapprochent à nouveau de la zone des 60 €/MWh.

Pétrole : -13,35 % sur le prix du pétrole brut. 

Le prix du pétrole a connu sa plus forte baisse en 2 ans, avec une chute de plus de 13% sur la semaine. Il est évident que la fin des hostilités entre l’Iran et Israël soit à l’origine de ce retrait marqué, puisque c’est également l’escalade de ce conflit qui a contribué à faire fortement monter le prix du baril. A présent, le prix du pétrole est de nouveau fixé par la loi de l’offre et de la demande, et devrait continuer de baisser en raison de l’augmentation de la production de l’OPEP+ à venir pour le mois de juillet, de près de 411 000 barils par jour.

Co2: -2,73 % sur le prix des quotas pour décembre 2025. 

Le prix du CO2 a baissé modérément sur la semaine, bien que la forte chute des prix du pétrole et du gaz naturel ont contribué à diminuer sa valeur. La vague de chaleur actuelle en Europe soutient la demande et le manque de production renouvelable doit être compensé par de la production thermique, ce qui soutient les achats de quotas sur le marché. Le prix du CO2 évolue aux alentours des 70 €/tonne.

Charbon: -2,14 % sur la tonne de charbon. 

Le prix du charbon a également légèrement diminué du fait de la trève au Moyen-Orient. Il est toutefois moins exposé directement à ce type d’aléa géopolitique. La demande pour ce combustible reste toutefois plutôt faible en Europe, malgré la chaleur actuelle.

Prix du gaz dans le monde

Le prix du gaz en Asie a suivi la trajectoire européenne mais dans une moindre mesure. En effet, les pays asiatiques doivent maintenir un prix élevé afin de disposer d’assez de GNL pour produire de l’électricité en quantités suffisantes pour alimenter les millions de climatiseurs du continent, alors que l’été s’installe.

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