ACTION FUTURE 14 – Psychologie
Bertrand Richard
La détermination du cours d’une valeur ou d’un groupe de valeurs (indice) repose bien, pour une part, sur une approche comptable ou économique, mais dès qu’il faut tenir compte d’événements futurs, l’analyse fondamentale est, par nature, incertaine car trop d’éléments internes ou externes la nourrissent en permanence. Les Marchés ont pour vocation première d’anticiper des valorisations. Or, les tenants de la rationalité ont du mal à participer au jeu de la prédiction. L’espoir, la peur ou plus simplement l’avidité l’ont remplacée, et de ce conglomérat hybride naît, selon une formule maintenant célèbre, l’irrationalité parfois exubérante des cours. L’ignorance, par essence, de l’avenir conduit à se tromper, donc à perdre de l’argent, ce qui ne correspond bien évidemment pas au souhait de celui qui intervient sur les Marchés. Il faut donc surmonter plusieurs peurs, dont la peur de soi et la peur des autres. Peur de soi, avec en toile de fond la recherche d’une réponse à une double question : Quand prendre position et une fois en position, quand sortir ? Peur des autres : Savent-ils ce que je ne sais pas ? Puis-je avoir raison sans eux ou contre eux ? Dois-je les suivre ? Si oui, quand ? Trop tôt, et
j’immobilise des capitaux inutilement; trop tard, je vais perdre car je vais être à contre-courant. Si l’histoire se répète, alors on pourra grâce à sa connaissance repérer des zones plus ou moins habituelles d’intervention, en se fondant dans le camp gagnant du moment : celui des acheteurs ou des vendeurs. Le combat peut être non seulement âpre mais encore incertain, avec des phases contradictoires ou de découragement. Pourtant, il existe des périodes d’excitation souvent lucratives (pour peu et à la condition que le camp choisi soit le bon) avec des phénomènes de panique : paniques haussières marquées par une brutale avidité ou paniques baissières avec des chutes en apparence incontrôlées. Les fondements de l’analyse graphique reposent sur la localisation de zones de supports ou de résistances. Si ces zones sont clairement identifiables, beaucoup d’opérateurs les utilisent et ils construisent par mimétisme une force d’autoréalisation. Presque par magie, on peut ensuite dresser le constat de la réalisation d’un mouvement d’un point à un autre. On observe cependant et fréquemment des temps de stagnation des cours, à première vue incompréhensibles, suivis de mouvements forts, qui constituent une sorte de libération, cherchant à conjurer un mouvement que l’on voudrait perpétuel. Il existe bien des dictons boursiers qui stigmatiseraient quelques vérités premières pour expliquer ces phénomènes psychologiques. Ainsi, la tendance serait une amie ou encore il faudrait acheter cher pour vendre plus cher. Questions, donc recherche de réponses, constats graphiques, dictons, intuitions : autant d’éléments qui font le bonheur de nombreux opérateurs sans pour autant posséder la moindre rigueur intellectuelle, dont l’absence pèse. Ne pourrait-on pas, à l’aide des connaissances de la Psychanalyse, ébaucher une méthode fondée sur la compréhension des mécanismes psychologiques de groupe ?
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