Par Antoine Fraysse-Soulier, analyste de marché pour eToro
Depuis ses records absolus datant de fin octobre, l’indice phare de Wall Street, le S&P500 est en repli de plus de 5%. Fait assez rare, aucune annonce ou publication particulière n’est venue justifier cette baisse. Cela étant, les arguments avancés en majorité seraient dus aux valorisations extrêmement tendues concernant la tech américaine ainsi qu’une méfiance grandissante sur les valeurs IA.
En effet, au début du mois en cours, le S&P 500 s’échangeait à près de 29 fois ses bénéfices. Il s’agissait du prix le plus élevé jamais atteint, si l’on exclut la période post-pandémique, depuis 1999. Et puis, la méfiance envers l’Intelligence Artificielle est grandissante et cela commence à se traduire clairement dans le comportement des marchés financiers. Après deux années d’euphorie, où l’IA était perçue comme la nouvelle frontière de la croissance et des marges, les investisseurs reviennent désormais à une vision plus nuancée.
Une des principales explications réside dans le fait que l’écart entre ce qui est promis et ce qui est réellement obtenu, devient de plus en plus visible. De nombreuses entreprises ont communiqué massivement sur des projets IA ambitieux, mais les retours concrets se matérialisent encore lentement. Les coûts d’infrastructures, de data centers, de consommation énergétique, augmentent souvent plus vite que les revenus générés. Par conséquent, les marchés considèrent que les promesses ont peut-être été intégrées trop vite dans les valorisations.
L’autre élément qui milite pour la baisse actuelle des marchés, est la prudence de la banque centrale américaine. Début novembre, 90% des opérateurs anticipaient une baisse du taux directeur de la Fed lors de sa prochaine réunion le 10 décembre. Ils ne sont plus que 40% aujourd’hui (selon le CME FedWatch). L’inflation, qui avoisine les 3 %, reste en effet nettement supérieure à l’objectif de 2 % de la banque centrale. Les investisseurs estiment désormais qu’une première réduction des taux n’interviendrait avec certitude qu’en mars.
Tous ces éléments expliquent la respiration actuelle des marchés actions à Wall Street, qui restent sur six mois consécutifs de hausse. Pour l’instant, il n’y a pas lieu de s’inquiéter car il s’agit d’une respiration “saine” du marché. Désormais, il sera intéressant de suivre l’évolution des marchés durant les prochaines semaines, car si la baisse s’accentuait, le marché entrerait en correction , et à ce moment-là, les inquiétudes pourraient s’intensifier.
