Sun. Dec 22nd, 2024

Par Miro Zivkovic, Responsable I&WD Product Management chez Nordea Asset Management

La récente chute des valeurs technologiques est-elle une simple correction ou faisons-nous face à l’éclatement d’une bulle du secteur technologique ?

Les valeurs technologiques et des réseaux sociaux ont connu une envolée depuis 2016, leur permettant d’afficher des performances stellaires. Ce rallye a connu une accélération suite à l’élection de Donald Trump et la mise en place d’une politique fiscale très accommodante aux Etats-Unis, qui a poussé les investisseurs à favoriser les valeurs de croissance. Leur enthousiasme s’est principalement concentré sur les « FAANG » (Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google), qui ont représenté à elles seules près de 98% de la hausse de l’indice S&P500 au premier semestre 2018. Cette exubérance irrationnelle a conduit à des ratios cours/bénéfices (PER) au plus haut depuis la bulle Internet du début des années 2000, alors même que certaines valeurs « stars » n’affichaient de bénéfices étincelants et que Facebook faisait face à un risque réglementaire. Amazon et Netflix étaient ainsi valorisées en Bourse plus de 80 fois leurs bénéfices !

 

La guerre commerciale menée par l’administration américaine a toutefois impacté la confiance des investisseurs. L’appétence pour le risque s’est rapidement estompée en raison de négociations houleuses entre les États-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux, tels que la Chine ou le Canada. Ces discussions ont également suscité des inquiétudes quant aux conséquences potentielles pour la croissance mondiale, notamment les pays émergents qui semblent particulièrement menacés. Dans ce contexte, les investisseurs se sont repliés vers les « valeurs refuges », bénéficiant aux marchés développés et aux valeurs défensives dont les valorisations sont moins tendues.

 

Fonte des capitalisations boursières 

Cette recherche de sécurité de la part des investisseurs s’est accentuée avec la forte baisse des marchés actions au cours des derniers, intensifiant le mouvement de rotation sectorielle observé au sein des marchés développés et des marchés émergents. Les FAANG ont ainsi été pénalisés, en particulier les titres aux valorisations les plus tendues comme Amazon et Netflix, qui ont connu une baisse d’environ 20% rien qu’en octobre 2018. Beaucoup de valeurs-phares du secteur « tech » ont ainsi perdu plus du tiers de leur capitalisation boursière au dernier trimestre, comme Nvidia (-52%) ou SNAP (-35%).

 

On peut dès lors s’interroger sur le secteur high-tech : s’agit-il d’une simple correction passagère ou d’un mouvement structurel ? Dans cette phase de fin de cycle, les investisseurs ont commencé à revenir vers des actions de qualité, qui avaient perdu leurs faveurs après les élections américaines. Nous pourrions assister à une accélération de cette tendance si les marchés perdaient de nouveau du terrain. Il reste néanmoins difficile d’affirmer que la situation est fondamentalement préoccupante pour le secteur « tech », même si d’un point de vue technique, il est clair que les entreprises de haute technologie et des réseaux sociaux se trouvent aujourd’hui dans un marché baissier.

 

Néanmoins, les valorisations ont toujours une importance primordiale à long terme et les actions fortement valorisées finissent toujours par connaître un retour à la moyenne, même s’il s’agit d’entreprises disruptives ou bénéficiant d’une forte croissance. Ce phénomène s’était notamment observé après la bulle Internet, avec certaines sociétés Internet évaluées à plus de 80 ou 100 fois leurs bénéfices. AOL avait par exemple atteint une capitalisation boursière de 222 milliards de dollars au sommet de la bulle Internet et a finalement été rachetée par Verizon pour 4,4 milliards de dollars en 2015 !

 

 

 

 

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