Fri. Dec 27th, 2024

Par William Gerlach, Directeur régional France et Royaume-Uni chez iBanFirst.

Sauf surprise de dernière minute, les banques centrales occidentales ne devraient pas modifier leur politique monétaire la semaine prochaine. Que cela soit du côté de la Réserve Fédérale américaine (Fed) ou de la Banque d’Angleterre (BoE) le statu quo devrait demeurer encore quelques mois. La première baisse des taux devrait intervenir en juin. La surprise, en revanche, pourrait venir du Japon.

États-Unis : Rendez-vous en juin !

Aux États-Unis, la réunion de mercredi et celle du mois de mai devraient être sans intérêt. La probabilité d’une baisse des taux en mai est de seulement 16 % selon le marché monétaire. La Fed n’a aucune raison de se presser. L’économie tient. La croissance devrait atteindre 2% au premier trimestre.

Bien que le surplus d’épargne Covid ait été intégralement utilisé, les ménages américains continuent de consommer massivement, soit en s’endettant soit grâce à des transferts étatiques qui demeurent. La consommation reste le moteur principal de l’économie américaine.

Le marché de l’emploi se porte bien également. Les embauches devraient être stimulées par le secteur public du fait d’une reprise post-Covid plus tardive que dans le secteur privé. Le taux d’emploi public n’a retrouvé son niveau pré-Covid que fin 2023 – soit un an et demi après le secteur privé.

Enfin, l’inflation soutenue milite en faveur de taux courts durablement élevés. Les pressions inflationnistes se situent essentiellement au niveau des services d’hébergement (tourisme), des coûts médicaux, de l’alimentation et des prix de l’essence. L’inflation sous-jacente lissée sur trois mois, qui est plus représentative de la dynamique des prix, est ressortie en hausse à 4,4 % en février contre 4 % précédemment. Celle à six mois atteint 3,8 %. Ce ne sont pas des niveaux suffisamment bas pour enclencher un processus d’assouplissement monétaire.

Nous tablons sur une première baisse des taux en juin, de l’ordre de 25 points de base. Au regard de la résilience économique des États-Unis, qui est impressionnante, on peut même légitimement s’interroger sur l’opportunité d’une baisse des taux. La Banque Centrale Européenne et la Banque du Canada devraient amorcer leur pivot a priori en juin, comme la Fed. Il existe une forme de coordination monétaire entre les grandes banques centrales.

Royaume-Uni : Une baisse plus tôt que prévu ?

Plusieurs grandes banques internationales ont ajusté cette semaine leurs prévisions concernant une première baisse des taux au Royaume-Uni. Morgan Stanley considère qu’une baisse de la part de la BoE est envisageable dès le mois de mai. Citigroup table sur le mois de juin (contre août précédemment). Il ne serait pas aberrant que le Royaume-Uni coordonne sa phase de baisse des taux avec les États-Unis et la zone euro. Une forme de coordination monétaire devrait limiter l’impact du différentiel de taux sur l’évolution des devises.

Japon : L’exception à la règle

La Banque du Japon pourrait enfin normaliser sa politique monétaire à l’occasion de sa réunion des 18 et 19 mars. Des rumeurs de marché évoquent une hausse des taux de 10 à 15 points de base – donc la sortie des taux négatifs. Le timing est idéal. Les hausses de salaire négociées entre les syndicats et les grandes entreprises (> à 5% en moyenne) devraient permettre la sortie définitive de la déflation et soutenir la consommation intérieure qui était un peu à la traîne à la fin de l’année 2023. En revanche, il y a peu d’espoir que cela inverse la tendance baissière sur le yen. Le taux de change réel effectif de la monnaie nippone est à un point bas depuis la fin des années 1970. Les investisseurs institutionnels sont positionnés à la vente sur la devise à des niveaux records. La marche est haute pour que le yen se renforce durablement. Il faudrait une hausse des taux d’ampleur bien plus importante que celle qui est annoncée. Clairement, ce n’est pas d’actualité. La BoJ est connue pour sa politique des petits pas et sa patience.

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