Fri. Dec 27th, 2024

Par Christophe Donay, Responsable de l’allocation d’actifs et  de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management

Le cycle économique arrive à maturité, sans toutefois que les indicateurs avancés ne suggèrent de signes de récession avant 2020 ou 2021. D’une activité mondiale désynchronisée en 2018, nous nous attendons à une resynchronisation dans cette phase de décélération. La croissance mondiale devrait fléchir à 3,4% en 2019, contre 3,7% en 2018. Le ralentissement attendu concerne principalement les économies développées et, dans les pays émergents, la Chine et le Brésil. La croissance chinoise devrait diminuer de 6,6% en 2018 à 6,1% en 2019.

L’inflation constitue une source d’inquiétude, surtout aux Etats-Unis où les pressions salariales augmentent. Cependant, rien ne laisse supposer que l’inflation entre dans un cercle vicieux. Nous prévoyons un taux d’inflation mondiale de 2,6%. Dans ce contexte, les politiques monétaires des principales banques centrales vont rester désynchronisées et non-coopératives. Mis à part la BoJ, la plupart d’entre elles visent à normaliser leur politique monétaire. Alors que nous envisageons deux ou trois hausses de taux de la FED pour parachever la normalisation de la politique monétaire, la BCE devrait commencer à normaliser la sienne à partir de la fin 2019. Toutefois, les politiques monétaires devaient rester amicales à l’égard des économies et des marchés afin d’éviter tout choc.

Les niveaux d’endettement restreignent la marge de manœuvre budgétaire de la plupart des gouvernements des économies développées. En Chine, les autorités disposent d’une meilleure capacité à recourir à l’arme budgétaire afin de compenser les effets négatifs des barrières douanières et d’atteindre leurs objectifs de croissance.

Les tensions géopolitiques et la montée des populismes demeureront une source de risque et d’incertitudes sur la politique économique. Ces tensions internationales pourraient influencer significativement les tendances économiques et de marché en 2019. Trois sources principales de risque politiques sont apparues en 2018 : la guerre commerciale sino-américaine, le «Brexit» et l’Italie. Les primes de risque des classes d’actifs sont significativement affectées, tantôt positivement, tantôt négativement, par l’évolution des tensions géopolitiques. Les pics et les pauses de volatilité en découlent directement. La volatilité des actions devrait être plus élevée en 2019 qu’en 2018, d’où un attrait neutre pour 2019.

En raison du ralentissement économique, nous attendons un tassement du momentum de la croissance des profits des entreprises, attendue à 5% environ dans les économies développées. De ce fait, à ratio de valorisation constant, les actions devraient progresser d’environ 8%, dividendes et rachats d’actions inclus. Dans cet environnement, les sociétés présentant un pouvoir de fixation des prix, de moteurs de croissance mesurables et un endettement faible paraissent relativement intéressantes.

Nous prévoyons une hausse modérée des taux souverains à 10 ans européens et américains, vers 3,4% pour ces derniers, avec une sensibilité à l’inflation, la politique monétaire et les déficits publics. En outre, les tensions sur les écarts de rendement dans le crédit devraient perdurer. En particulier, les spreads du haut rendement américain paraissent vulnérables, étant donné qu’ils sont restés stables malgré la reconstitution d’une prime de risque dans les actions et compte tenu de la baisse du prix du brut. Le crédit présente ainsi peu d’attrait. Alors que le billet vert devrait se replier, la volatilité des prix du pétrole devrait se poursuivre, avec une convergence vers USD72 pour le Brent et USD62 pour le WTI.

La chute des rendements attendus des classes d’actifs traditionnelles pourra être compensée par les actifs illiquides et alternatifs, qui devraient tirer bénéfice de la volatilité attendue. Ces actifs paraissent ainsi intéressants. La volatilité offrira également des opportunités aux investisseurs tactiques, suffisamment agiles et flexibles pour s’adapter à des conditions de marché évoluant rapidement.

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