Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM
Le projet de budget a été présenté jeudi dernier. Il va être soumis à la Commission Européenne le 31 octobre. Le compte n’y est pas. Contrairement à ce qui avait été annoncé, l’effort budgétaire va finalement davantage reposer sur la hausse de la fiscalité plutôt que sur la baisse des dépenses publiques. Celles-ci vont augmenter de 2,1% – soit plus vite que l’inflation. Nous sommes loin d’une cure d’austérité.
Nous arrivons à une situation ubuesque où la charge de l’impôt repose en grande partie sur une minorité de contribuables. Quand environ 10% des foyers fiscaux s’acquittent de plus de 70% de la charge totale de l’impôt sur le revenu, par exemple, il faut s’interroger sur un éventuel dysfonctionnement du système. On peut y voir la démonstration d’une concentration de la richesse produite. J’y vois surtout le symbole d’un nivellement par le bas des revenus. Depuis les années 1980, nous avons fait le choix de taxer (c’est légitime) avant de produire et d’enrichir. Nous en payons les conséquences aujourd’hui.
Pourtant, le poids de la fiscalité a baissé ces dernières années ? C’est souvent ce qu’on entend. Mais ce n’est pas ce que les chiffres disent. Selon l’INSEE, les prélèvements obligatoires en France sont passés de 1038 milliards d’euros en 2017 à 1218 milliards d’euros en 2023 – soit une progression de 180 milliards d’euros en six ans. La France reste le pays européen où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés. Malgré tout, on ne cesse d’entendre l’invocation à plus de « justice sociale ». Ça semble paradoxal. C’est encore une fois le signe que le pikéttisme a frappé !
Perspectives
La Banque Centrale Européenne (BCE) va de nouveau baisser son taux directeur de 25 points de base ce jeudi. C’est une certitude. Dans un monde idéal, elle s’inspirerait de la Réserve Fédérale et l’abaisserait de 50 points de base. Alors que l’Allemagne est en récession, que l’industrie manufacturière européenne s’effondre, que les prix de l’énergie sont quatre fois supérieurs en Europe par rapport à ceux de l’autre côté de l’Atlantique, la BCE s’inquiète d’une éventuelle boucle prix-salaire dans le secteur des services qui peine à se matérialiser depuis le début de l’année.
Une baisse des taux de 50 points de base serait aussi une bouffée d’air frais pour le secteur de l’immobilier commercial. La BCE a récemment étudié l’exposition des banques à celui-ci afin de s’assurer qu’elles ont une appréciation fiable de ce qu’elles détiennent dans leur bilan. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le grand ménage reste à faire.
Le saviez-vous?
Depuis mi-2020, les investisseurs étrangers ont accru leur exposition nette sur les actifs en USD de 40 000 milliards de dollars. Le marché américain est incontournable.