Sun. Nov 24th, 2024

Par Jacques de Panisse Passis – Président du Directoire, Gérant et Associé d’Optigestion

La Chine est dirigée par un gouvernement qui dispose de tous les leviers pour piloter le pays.

Lorsque Washington sanctionne les exportations chinoises, l’Etat chinois contourne l’obstacle en transitant par le Vietnam ; lorsque la croissance s’essouffle, l’Etat chinois modifie la fiscalité pour relancer la consommation ; lorsque la compétitivité des produits chinois à l’export est mise à mal par des taxes douanières, l’Etat chinois pilote la dépréciation de sa devise. La mise en œuvre est rapide et l’ensemble des décisions s’intègre dans un schéma d’ensemble cohérent et efficace. Pour disposer des mêmes atouts que son adversaire chinois, l’exécutif américain va s’efforcer de concentrer un maximum de pouvoirs. La soumission progressive de la FED n’en est qu’une illustration.

Dans une guerre économique totale avec un rival dirigé par le parti communiste chinois, la concentration des pouvoirs est inévitable pour les Etats qui veulent relever le défi. Cette nécessaire adaptation se produit alors que les nations réclament des candidats populistes qui visent le repli sur soi.

Tout contre-pouvoir, national et supranational, pourrait progressivement s’effacer au bénéfice d’un exécutif qui centralisera quasiment toutes les commandes. Il est à craindre que les Etats qui n’auront pas su s’adapter se trouveront rapidement disqualifiés.

 

Les Etats-Unis vont déployer tous les moyens possibles pour exiger de tout interlocuteur qu’il choisisse son camp. Dans une économie mondialisée avec deux super puissances qui veulent détenir le leadership mondial, une logique binaire va s’instaurer qui laissera peu de place aux pays « non alignés ». Le diktat américain en Iran est révélateur.

 

La seconde tendance de fond qui se met en place est l’absence de limite à l’endettement. En effet, dès lors que le nouveau principe qui s’impose est d’assurer le seul paiement des intérêts d’une dette et de renouveler celle-ci lorsqu’elle arrive à échéance, l’émission de dettes supplémentaires assorties d’intérêts négatifs ouvre des possibilités sans limite. Les dettes d’Etat devraient continuer de croître, sans grande retenue.

 

Dans le futur proche, la dégradation des indicateurs économiques et l’absence d’inflation vont conduire la FED, puis l’ensemble des banques centrales, à mettre en œuvre des politiques monétaires accommodantes.

Les profits du deuxième trimestre qui seront communiqués courant juillet reflèteront-ils déjà le ralentissement anticipé ? Ce n’est pas certain. En revanche, il est possible que les perspectives formulées par les dirigeants soient teintées d’une prudence suffisante pour ternir l’enthousiasme des marchés financiers.

Le rôle des banques centrales sera déterminant. L’ampleur des moyens déployés pour soutenir l’activité pourrait suffire, dans un premier temps, à maintenir la confiance, voire à doper des marchés souvent prêts à s’enthousiasmer pour une baisse des taux ou un « quantitative easing » plutôt que de s’interroger sur les raisons à l’origine d’une telle mesure.

Dans ce contexte incertain qui peut durer plusieurs trimestres, un événement inattendu peut servir de catalyseur à une soudaine prise de conscience du risque encouru face à un cycle économique particulièrement long qui pourrait avoir déjà entamé sa phase de déclin.

 

Au-delà de la prochaine baisse des taux qui soutiendra les indices, l’économie et plus encore l’entreprise sont désormais au cœur de la rivalité entre deux capitalismes qui visent à dominer la planète, le capitalisme d’Etat chinois et le capitalisme néo-libéral américain. Dans les deux cas, le succès repose sur la réussite de grandes sociétés internationales, pour la plupart cotées. Les deux protagonistes ont donc intérêt à encourager le bon comportement des marchés de capitaux qui financent le développement de ces entreprises.

De plus, ces sociétés offrent un rendement incomparablement supérieur à celui des marchés obligataires. Elles pourraient de ce fait attirer des investisseurs qui se sentent bien dépourvus dans un environnement de taux zéro. Contraints de choisir entre la volatilité ou rien, ils pourraient opter pour la volatilité et alimenter une demande, propice à la hausse des cours.

 

 

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