Par Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés chez eToro
La Fed l’a fait ! Bien que cela soit largement attendu, la Réserve fédérale américaine a réduit ses taux d’intérêts directeurs pour la première fois depuis la pandémie du Covid-19 en mars 2020. Ce qui peut, au premier abord, être plus surprenant, c’est l’ampleur de cette baisse, 50 bps, une réduction inhabituelle car cela est arrivé une seule fois durant les 40 dernières années.
En prenant la voie d’une réduction de grande ampleur, la Fed prend acte du chemin parcouru dans la lutte contre l’inflation, et confirme que ses priorités ont changé. C’est désormais la faiblesse du marché du travail qui la préoccupe. En effet, le résumé actualisé des projections économiques montre que le comité s’attend à ce que le taux de chômage augmente d’ici la fin de l’année et à ce que l’inflation continue de baisser. Si cela se concrétise, cela ouvrira la voie à une baisse des taux à l’avenir.
Concernant l’inflation, la Fed célèbre avec cette baisse de 50 bps, les progrès réalisés dans sa lutte contre l’inflation. La crise sanitaire et la guerre en Ukraine avaient engendré un pic d’inflation à 9 % sur un an en juin 2022, une flambée inédite depuis le début des années 1980. Or à présent, la désinflation est bien engagée, l’indice des prix à la consommation est retombé à 2,5 % en août, un point plus bas depuis trois ans. D’ailleurs, Jérôme Powell s’en est félicité durant son discours en mentionnant que l’inflation avait “considérablement diminué”.
Désormais, que peut-on attendre pour la suite ? Étant donné que la Fed est “data dependent” , il est presque impossible pour le comité d’avoir un timing parfait. Par nature, il sera presque toujours trop tôt ou trop tard pour agir. Cela étant, au vu des projections de la Fed d’une inflation à 2,1% en 2025, on peut anticiper une série de réduction de taux de 25 bps lors des prochains meetings.
Ce qu’il faudra surveiller principalement, c’est la solidité du marché de l’emploi. Une certaine inquiétude pourrait se matérialiser si les données de l’emploi se dégradent. Aujourd’hui le taux de chômage aux Etats-Unis est à 4,2% alors qu’il était à 3,4% au plus bas en 2023. Les prochaines statistiques sur l’emploi devraient être surveillées comme le lait sur le feu par la Fed, dans le but de poursuivre son cycle de desserrement monétaire.