Selon l’enquête de conjoncture de la Banque de France du mois de décembre, la croissance de l’économie française serait de +0,1 % au quatrième trimestre faisant suite à un recul de 0,1 % au troisième. Cette légère croissance empêcherait la France d’être en récession mais compte tenu de la marge d’erreur, ce n’est pas une certitude. Pour 2024, l’acquis de croissance sera faible. L’objectif d’une augmentation du PIB de 1,4 % sera difficile à atteindre.
Novembre sauvé par les services
En novembre, comme anticipé le mois dernier par les entreprises interrogées, l’activité reste à peu près inchangée dans l’industrie. L’aéronautique, la pharmacie et les équipements électriques font état d’un dynamisme soutenu tandis que l’activité est en repli marqué dans l’automobile, les machines et équipements, le caoutchoucplastique ainsi que dans les produits informatiques, électroniques et d’optique. Le taux d’utilisation des capacités de production continue de baisser. En novembre, il était à 76,1 %, soit son niveau le plus faible enregistré depuis trois ans. Ce taux est endessous de sa moyenne sur 15 ans (76,9 %). Le recul est plus important dans l’industrie chimique et l’automobile.
Dans les services marchands, l’activité reste dynamique. Parmi les services aux entreprises, le conseil de gestion, les activités d’architecture et les services d’information enregistrent la plus forte croissance de l’activité quand les services de publicité et d’intérim connaissent une baisse. S’agissant des services aux particuliers, les activités de loisirs, les services à la personne et l’hébergement sont bien orientés. La réparation automobile bénéficie d’un surcroît de demande lié aux intempéries. La restauration enregistre en revanche en léger repli.
Dans le bâtiment, l’activité continue de progresser faiblement dans le second œuvre mais se contracte dans le gros œuvre.
Décembre, repli de l’industrie et résilience des services
Pour le mois de décembre, selon les chefs d’entreprise de l’industrie, l’activité se contracterait. Alors que les secteurs de l’aéronautique, de l’agro-alimentaire, de la pharmacie et des autres produits industriels verraient leur production augmenter, les machines et équipements, le caoutchouc-plastique, l’habillement-textile-chaussures et l’automobile seraient orientés à la baisse.
Dans les services, l’activité progresserait. Dans les services aux particuliers, les chefs d’entreprise anticipent un regain d’activité dans la restauration et la location automobile à l’approche des fêtes de fin d’année. Dans les services aux entreprises, le secteur de la publicité et de l’intérim, les dirigeants tablent également sur un léger rebond de l’activité en décembre.
Dans le bâtiment, l’activité se stabiliserait dans le second œuvre et enregistrerait un repli marqué dans le gros œuvre.
Réduction des problèmes d’approvisionnement
En novembre, les difficultés d’approvisionnement poursuivent leur diminution dans l’industrie (14 % des entreprises les mentionnent, contre 17 % en octobre) mais rebondissent quelque peu dans le bâtiment (10 %, après 7 %).
La désinflation en marche
Dans l’industrie, les prix des matières premières continuent de se replier selon les chefs d’entreprise, tandis que ceux des produits finis sont jugés quasi stables. 5 % des industriels déclarent avoir augmenté leurs prix de vente ce mois-ci, après 21 % en novembre 2022. Par ailleurs, 6 % des industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente en novembre – à comparer à 2 % en novembre 2022 – en lien avec la détente des prix des matières premières. Les baisses de prix de produits finis sont les plus répandues dans le bois-papier-imprimerie (17 %) l’agroalimentaire (12 %), et l’automobile (9 %) ; dans tous ces secteurs, les proportions d’entreprises ayant baissé leurs prix sont plus élevées que pour celles ayant relevé leurs prix. Dans le bâtiment, 7 % des entreprises ont augmenté leurs prix ce mois-ci (après 46 % en novembre 2022), tandis que 9 % des entreprises du secteur ont baissé leurs prix. Cette proportion atteint même 19 % dans le gros œuvre. Dans les services, la proportion d’entreprises indiquant une hausse de leurs prix s’établit à 9 %, à comparer à 18 % il y a douze mois. Et 5 % des entreprises ont baissé leurs prix.
Le quatrième trimestre sauvé par les services
L’activité devrait être portée au quatrième trimestre par les services marchands, grâce notamment à l’hébergement-restauration, l’information-communication et les services aux entreprises. Les perspectives de production dégradées suggèrent une légère baisse de la valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière. Les secteurs de l’énergie et de la construction connaîtraient un repli sensible de leur valeur ajoutée, en cohérence avec la baisse des indices mensuels de production et la forte baisse des mises en chantier.
Une croissance de 0,8 % pour la France en 2023
Dans sa note de conjoncture du mois de décembre, l’INSEE souligne le recul de l’inflation laissant augurer une légère reprise pour le début d’année prochaine.
Poursuite du processus de désinflation
Selon l’institut statistique français, le cumul de la hausse des prix depuis 2019 est, par rapport à ses partenaires de l’OCDE, légèrement inférieur en France, soit près de +16 % en octobre 2023 par rapport à 2019, s’agissant de l’indice des prix à la consommation harmonisé, contre près de +19 % pour la zone euro dans son ensemble, près de +20 % aux États-Unis et plus de +22 % au Royaume-Uni. En l’état, la vague inflationniste ne s’est pas muée en spirale inflationniste comme dans les années 1970. Elle a été néanmoins plus longue et plus forte que prévu. La poussée inflationniste a été plus élevée et moins éphémère que ce qui était généralement envisagé il y a deux ans. Les derniers chiffres disponibles indiquent que nous ne sommes pas, pour autant, entrés dans une dynamique autoentretenue, du type de celle des années 70 : en particulier, l’inflation dans les services, la plus susceptible de générer une spirale prix-salaires car déterminée avant tout par le coût du travail, a été moins élevée qu’attendu jusqu’en novembre. L’inflation resterait supérieure à l’objectif des 2 % dans les prochains mois mais sans pour autant accélérer. Le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation s’établirait ainsi aux alentours de 2,5 % à partir du printemps 2024 (et un peu moins pour l’inflation sous-jacente). Après l’énergie, l’inflation baisserait ainsi nettement pour l’alimentation et les produits manufacturés – sans forcément que le niveau des prix, lui, ne diminue.
Une amélioration du pouvoir d’achat attendue
Après avoir ralenti au troisième trimestre 2023, le salaire moyen par tête (SMPT) dans les branches marchandes accélérerait en fin d’année, à la faveur notamment de versements importants de primes de partage de la valeur. Son glissement annuel deviendrait ainsi supérieur à celui de l’indice des prix à la consommation et le resterait jusqu’au milieu de l’année 2024. La revalorisation automatique du Smic début 2024 serait de l’ordre de +1,1 %. Le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages rebondirait au quatrième trimestre 2023, tiré par les revenus d’activité, puis resterait dynamique début 2024 sous l’effet des prestations sociales et notamment de l’indexation sur l’inflation des retraites de base. Au total en 2023, les gains de pouvoir d’achat seraient de +0,8 %, soit +0,3 % par unité de consommation, ave
c une contribution non négligeable des revenus du patrimoine, du fait notamment des hausses de taux qui soutiennent la rémunération des épargnants. Le pouvoir d’achat des ménages devrait être plus dynamique en 2024 (+1,2 % d’acquis à la mi-2024, soit +0,8 % par unité de consommation).
Vers une amélioration du taux de marge des entreprises
Du côté des entreprises, la hausse du coût réel du travail pèserait sur l’évolution du taux de marge fin 2023. Celui-ci rebondirait néanmoins au premier semestre 2024 sous l’effet de la baisse du taux de cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et d’une légère hausse de la productivité. Il s’établirait à 32,8 % au printemps 2024, un peu au-dessus donc de son niveau d’avant la crise sanitaire.
Une lente amélioration de la croissance
Au troisième trimestre 2023, le PIB français s’est contracté de 01 %, selon l’INSEE après avoir enregistré une hausse de 0,6 % au deuxième trimestre. Durant l’été, la consommation des ménages a rebondi mais l’investissement des entreprises et la contribution du commerce extérieur se sont dégradés pesant sur l’évolution du PIB. Au troisième trimestre, l’activité s’est légèrement repliée dans l’industrie manufacturière, dans le sillage de l’agro-alimentaire et de la fabrication de matériels de transports, ainsi que dans les services, du fait des services de transport. L’activité dans la construction a connu un quatrième trimestre consécutif de recul. Pour le quatrième trimestre selon les enquêtes de conjoncture de l’INSEE, la situation conjoncturelle demeure atone. L’indicateur de climat des affaires est ainsi passé sous sa moyenne de longue période au mois d’octobre, au plus bas depuis la sortie de crise sanitaire, et a continué de s’éroder en novembre. Après être resté longtemps très élevé, le climat de l’emploi s’érode également, tandis que la confiance des ménages dans la situation économique reste à un faible niveau. Dans le bâtiment, les anticipations d’activité continuent de se dégrader, en particulier dans le logement neuf. Si les difficultés d’approvisionnement se sont globalement normalisées, celles concernant les recrutements restent élevées. Dans le même temps, les difficultés de demande sont en hausse, notamment dans l’industrie.
L’INSEE prévoit une croissance nulle pour le quatrième trimestre. Après un recul au troisième trimestre, l’activité de l’industrie manufacturière augmenterait à peine, soutenue par un rebond technique dans la fabrication de matériels de transport). Après avoir marqué le pas, la production d’énergie, et notamment celle d’électricité, reculerait du fait notamment des températures clémentes cet automne. Dans le même temps, les services marchands ne croîtraient que modestement, grâce notamment au secteur de l’information-communication qui resterait relativement dynamique. Enfin, l’activité dans la construction poursuivrait son recul, en particulier la construction de logements neufs.
Parmi les principaux postes de la demande, la consommation des ménages serait stable au quatrième trimestre 2023. Si la consommation d’énergie reculait nettement et celle de produits alimentaires se replierait légèrement, la consommation de services progresserait quant à elle. Dans un contexte moins favorable en raison du relèvement des taux d’intérêt, l’investissement des entreprises se replierait, en particulier les investissements en biens et en construction. De même, l’investissement des ménages continuerait de reculer, malgré une certaine vigueur de l’investissement en entretienamélioration des logements. Le commerce extérieur contribuerait positivement à l’activité, malgré une demande extérieure peu dynamique, du fait de livraisons aéronautiques et navales en fin d’année.
Au premier semestre 2024, l’INSEE espère une accélération de l’activité (+0,2 % prévu par trimestre), à la faveur de la désinflation et malgré des taux d’intérêt élevés. La production serait en hausse dans l’industrie. La construction continuerait de reculer, mais à un rythme plus modéré que lors des trimestres précédents. Du côté de la demande, la consommation des ménages repartirait à la hausse dans un contexte de ralentissement des prix. Le taux d’épargne devrait donc diminuer. L’investissement des ménages devrait poursuivre sa baisse en lien avec le niveau élevé des taux d’intérêt, quand, en revanche, l’investissement des entreprises se maintiendrait. Par ailleurs, les importations seraient dynamiques, tirées par une demande intérieure en croissance et les exportations devraient être un peu plus soutenues par la demande externe, leur profil au trimestre le trimestre continuant d’être marqué par celui des livraisons aéronautiques et navales.
Au total, la croissance annuelle pour 2023 s’élèverait à +0,8 %, après +2,5 % en 2022. L’acquis de croissance à mi-année pour 2024 serait modeste, à +0,5 % Cette prévision demeure entourée d’incertitudes, notamment concernant les décisions de politique monétaire et leurs effets sur l’économie réelle, ainsi que sur le dynamisme des partenaires de la France. De nouvelles tensions géopolitiques pourraient à nouveau menacer la croissance, notamment via une hausse des prix du pétrole. À l’inverse, des effets positifs accrus du ralentissement des prix et une éventuelle baisse du taux d’épargne des ménages, encore élevé, pourraient constituer des éléments de soutien supplémentaires à la croissance.