Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
Alors que le « Trump Trade » a été le moteur de la hausse des marchés américains ces dernières semaines, il a aussi engendré une hausse des coûts des « assurances » pour s’exposer à la dette américaine.
Pour mémoire, le « Trump Trade » désigne un comportement de marché dans lequel les indices actions grimpent, le dollar grimpe ainsi que les taux, en prévision de mesures de stimulation fiscales et d’allègements règlementaires.
Mais nous mettons en garde depuis quelques semaines sur les marges de manœuvres budgétaires potentiellement limitées qu’auraient Donald Trump et le Congrès après quatre années de fortes stimulations budgétaires.
Lorsque Donald Trump a été élu en 2016, le déficit américain avoisinait 3% du PIB. Mais voici les chiffres du déficit sur les quatre dernières années : 14.67% en 2020, 11.7% en 2021, 5.3% en 2022 et 6.1% en 2023. Et les projections s’établissent encore à plus de 6% pour 2024.
Le Trésor et la Fed mettent régulièrement en garde l’exécutif sur la trajectoire des déficits et quelques inquiétudes ont commencé à apparaître en 2023 lorsque les taux américains s’envolaient avec une incursion à plus de 5% pour le taux 10 ans.
Le ralentissement de l’inflation depuis, a permis aux taux de se détendre, mais la perspective d’un second mandat de Donald Trump les a ravivés, la taux 10 ans américain passant de 3.6% à près de 4.3% en quelques semaines entre septembre et octobre.
Et dans le même laps de temps, le prix du CDS 5Y sur la dette américaine, c’est-à-dire le prix de l’assurance pour se couvrir contre un risque sur la dette américaine a grimpé. Les spreads des « credit default swaps » (CDS) américains à un 5 ans – indicateurs du risque de défaut basés sur le marché – se sont élargis de 35 bps à 46 bps.
Pourquoi cet élargissement ? Parce-que l’heure est au soft landing de l’économie américaine et parce l’inflation sous-jacente n’est pas encore revenue à l’objectif, et que dans ce contexte il serait dangereux par rapport au déficit et au coût de la dette de stimuler à nouveau l’économie, alors même que plusieurs mesures prises par l’administration Biden continueront de stimuler certains secteurs pendant des années encore.
Il n’y pas que les marchés actions qui montent, le coût de l’assurance pour s’exposer à la dette américaine aussi, et même si les niveaux actuels ne sont pas encore inquiétants, ils traduisent une vigilance sous-jacente.